Nouvelle vague de panique à Lampedusa. Selon les propos de la responsable des migrations de la Croix-Rouge italienne, Francesca Basile, recueillis par plusieurs médias italiens, “environ 6 000 personnes” sont arrivées dans la soirée du mercredi 13 septembre sur cette île proche de la Libye et de la Tunisie, connue pour être l’un des points de passage des migrants. Des chiffres effrayants qui décuplent les tensions, alors que l’Allemagne a annoncé, le même jour, suspendre “jusqu’à nouvel ordre” l’accueil volontaire des demandeurs d’asile en provenance de l’Italie prévue par les accords européens, en raison d’un “forte pression migratoire” et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords.”Nous sommes préoccupés par le refus de pays comme la France et l’Allemagne d’accepter des quotas de migrants. L’Europe ne peut pas nous abandonner à notre destin”, a supplié le maire de l’île Filippo Mannino auprès du média italien Corriere della Sera mercredi. Environ 120 bateaux seraient ainsi arrivés à Lampedusa en moins de 24 heures avec, à bord, selon l’agence de presse italienne Ansa, 6 762 réfugiés, soit plus que toute la population de l’île réunie… Après une charge de la Guardia Finança (Police des finances italienne) dans la foule de milliers de migrants qui demandaient à quitter le quai, le maire a déclaré “l’état d’urgence”.Selon lui, une enfant de 5 mois est morte dans la nuit de mardi à mercredi alors que sa famille tentait de rejoindre l’île. Loin d’être la seule, 289 enfants étaient déjà décédés sur la première partie de l’année en tentant de traverser la Méditerranée, tandis que plus de 2000 personnes en tout ont perdu la vie sur cette route migratoire depuis janvier.Les naufrages au large de la Tunisie en 2023.Mercredi, la ligne d’assistance pour les migrants en mer de Lampedusa a reçu selon le média Corriere della Sera un appel de détresse concernant 47 personnes sur un bateau au large de l’île. Des risques de pénurie d’eau potable sont également craints par La Croix-Rouge sur cette île aux réserves très limitées, tandis que des milliers de personnes patientent sous le soleil tapant. “L’île a déjà d’importantes déficiences infrastructurelles, si nous y ajoutons un impact quotidien croissant, nous risquons d’imploser”, a-t-il ajouté.Uno sbarco dietro l’altro, non sono sicura che siano state tutte contate le persone arrivate oggi a #Lampedusa, anche perché intanto continuano ad arrivare. Ora voglio solo ringraziare gestori e ospiti del #CampingLaRoccia, a cui avevo chiesto solo acqua. Hanno dato molto di più pic.twitter.com/PIqnMs5HW7— GiusiNicolini (@giusi_nicolini) September 12, 2023Berlin et Rome s’écharpent sur les politiques migratoiresMalgré cette situation, Berlin a justifié sa décision par “la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne”, ainsi que par la “suspension persistante” de l’accueil des personnes en situation de “dublinage”. Selon ce règlement européen très controversé, c’est le pays d’arrivée d’un migrant en Europe – très souvent donc l’Italie ou la Grèce – qui doit traiter sa demande d’asile. En décembre 2022, le gouvernement italien de Giorgia Meloni avait fait savoir qu’il ne reprendrait plus les demandeurs d’asile que veulent lui transférer d’autres pays, puisque l’Italie n’a plus les capacités d’accueil suffisantes. Un refus qui “renforce les défis majeurs pour l’Allemagne en termes de capacités d’accueil et d’hébergement”, dénonce aujourd’hui Berlin.Ainsi selon le ministère de l’Intérieur allemand, “sur plus de 12 400 demandes de prise en charge faites à l’Italie cette année jusqu’à fin août, dix transferts ont été réalisés jusqu’à présent”. Giorgia Meloni, dont le parti d’extrême droite “Fratelli d’Italia” a remporté les élections législatives il y a un an sur la promesse de mettre un terme à l’immigration massive, a assuré mercredi qu’elle n’était pas surprise par la décision de Berlin.124 000 migrations en Italie en 2023Dans le cadre du mécanisme volontaire de relocalisation, l’Allemagne a jusqu’à présent accepté le transfert de 1 700 demandeurs d’asile arrivés dans le sud de l’Europe, sur les 3 500 personnes qu’elle s’est engagée à accueillir. Le nombre de ces personnes arrivant par l’itinéraire méditerranéen sur le territoire italien a bondi cette année à près de 124 000 depuis janvier, contre 65 500 au cours de la même période en 2022, d’après les données du gouvernement. Le sujet y devient aussi très sensible, sur fond de montée en puissance de l’extrême droite dans les sondages et de hausse de l’immigration clandestine depuis plusieurs mois.Dès mercredi, des transferts depuis Lampedusa vers la ville de Porto Empedocle située sur le continent ont été organisés pour tenter de soulager la pression sur l’île. 720 personnes ont quitté l’île par Ferry, tandis qu’un vol de 180 personnes a été affrété par l’Organisation Mondiale des Migrations (OIM).Un départ de 750 personnes supplémentaires devrait avoir lieu ce jeudi. Francesca Basile, responsable des migrations de la Croix-Rouge a appelé à “prioriser les enfants et les mineurs qui arrivent. Le système de transfert est crucial” pour assurer la survie de tous, a-t-elle insisté.
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Publish date : 2023-09-14 10:32:23
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Afflux de migrants : “l’état d’urgence” à Lampedusa, Berlin et Rome s’écharpent
