MondialNews.com : Vaccins à ARN messager : le Sénégal espère tenir sa revanche
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Vaccins à ARN messager : le Sénégal espère tenir sa revanche

Vaccins à ARN messager : le Sénégal espère tenir sa revanche




Au bout d’un chemin de terre battue, derrière les volets blancs du stade Abdoulaye Wade, fierté du Sénégal, deux entrepôts grisâtres ont poussé. Derniers germes de Diamniadio, la cité de l’innovation voulue par l’actuel président Macky Sall et située à 30 kilomètres de Dakar, ces bâtiments abriteront bientôt un centre de fabrication de vaccins low cost. Une première pour le Sénégal.Irréaliste il y a encore quelques années, le projet, qui repose en partie sur l’acquisition d’imprimantes à ARN messager, représente un espoir pour la santé et l’économie régionale. Mais aussi un immense défi : seulement 1 % des vaccins injectés en Afrique sont produits sur place. Avec cette usine, le gouvernement espère répondre aux besoins du continent et enterrer l’humiliation du Covid : à l’apparition du vaccin contre le coronavirus, les pays riches s’étaient d’abord octroyé toutes les doses.Mais en ce début d’octobre à Diamniadio, la route n’est toujours pas bitumée. Un adolescent en tongs s’y embourbe avec sa charrette et son âne. Le chantier des sites de production et du laboratoire gérés par l’Institut Pasteur à Dakar a pris d’importants retards. Le premier bâtiment, consacré à la fièvre jaune, aurait dû ouvrir dès 2018. Il devait sextupler la production de ce vaccin, que seulement cinq pays dans le monde maîtrisent et dont la découverte a été faite ici, à Dakar, en 1927.D’importants retardsLe deuxième édifice, dédié à l’ARN messager, devait, lui, sortir 300 millions de doses par an dès la fin de l’année 2023. Il n’a pour l’instant ni cloisons, ni portes, ni fenêtres. En plus de ces difficultés sur le chantier, Pasteur n’a toujours pas reçu ses imprimantes à ARN tout-en-un grâce auxquelles l’institution scientifique espère réduire ses coûts de 50 %. L’entreprise qui les développe, Quantoom Biosciences, n’en est qu’à la phase de développement. “La dernière étape, celle de l’encapsulage dans le gras, nécessaire au transport du vaccin dans l’organisme, fait encore l’objet de travaux”, concède José Castillo, son patron.Promis pour 2023, le centre de production de vaccin à ARN messager Madiba, au Sénégal, a pris du retardCes délais n’ont pourtant pas affecté les espoirs soulevés par cette nouvelle technologie. Avec l’ARN, la production de vaccins devient plus simple, plus rapide, plus flexible, moins coûteuse : tout ce que l’Afrique recherche. “En cas d’épidémie, en quelques mois et avec des petites usines, on pourrait être opérationnel à grande échelle”, souligne Amadou Sall, le directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, casque de chantier sur la tête.Mais la route est longue pour les rares acteurs africains à s’être lancés dans la course, comme Pasteur Dakar, ou encore Biovac, une start-up sud-africaine relativement avancée. Les pays émergents sont très dépendants du reste du monde et la guerre en Ukraine a rendu les importations plus difficiles. Qui plus est, les projets doivent s’adapter à la concurrence occidentale. “A l’origine, nous devions produire des vaccins contre le Covid-19, avec le soutien de l’OMS. Ce n’est déjà plus pertinent, car ils sont désormais abondants partout dans le monde”, explique le Dr Sall.Objectif : la fièvre du RiftAu Sénégal, la technologie ARN servira donc en priorité à développer un vaccin contre la fièvre de la vallée du Rift. “Ce virus, qui ne dit rien à personne en Europe, décime le bétail et se transmet à l’homme. Il est sensible au climat, donc susceptible de muter dans les prochaines années”, détaille le directeur de l’Institut Pasteur. Un exemple parmi d’autres d’infection typiquement africaine, qui n’intéresse pas les grands groupes pharmaceutiques. Pour faire des profits ici, il faut vendre à prix très bas, là où les acteurs occidentaux préfèrent se concentrer sur la création de valeur.Construire le site de production de vaccins à ARN messager coûtera plus de 220 millions de dollars. Le gouvernement sénégalais en a débloqué une dizaine. Le reste vient de l’Union européenne, de fonds pour le développement français et américains, et de la philanthropie, notamment de la Fondation Bill et Melinda Gates, omniprésente dans les projets vaccinaux des pays émergents.A Dakar, son président, le fondateur de Microsoft, a annoncé lundi 9 octobre un nouveau don de 25 millions de dollars pour accélérer le chantier de l’ARN au Sénégal. Vingt iront à Quantoom, et 5 à l’Institut Pasteur. “Fallait-il mettre autant d’argent dans un projet risqué, alors que le pays pêche sur les fondamentaux ?”, s’interroge un entrepreneur dakarois. A quelques kilomètres du vaccinopôle en construction, les habitants des immeubles neufs de Diamniadio n’ont toujours pas d’égouts. Et certains ruraux dorment dans les rues de la capitale pour pouvoir consulter un médecin, faute de spécialistes dans la brousse.”Fallait-il mettre autant d’argent ?”Si le gouvernement est conscient que l’ARN ne fera pas tout, il espère qu’une fois terminés, ces sites de production prouveront aux investisseurs du monde entier que l’Afrique n’est ni trop instable, ni trop peu rentable pour y financer des projets pharmaceutiques. “Fabriquer des vaccins aux standards internationaux demande toute une logistique, des procédures, des règlements. Ces savoir-faire vont bénéficier au Sénégal, en plus de garantir sa souveraineté”, assure le Dr Samba Cor Sarr, chef de la division recherche au ministère de la Santé.Encore faut-il que ces vaccins trouvent preneur : une partie de la population y reste rétive, du fait des fake news et du manque de sensibilisation. Le long de l’autoroute qui relie Diamniadio à Dakar, où chaque jour des centaines de milliers de véhicules se bousculent, une seringue géante a été dessinée sur un mur poussiéreux. A l’intérieur, un liquide verdâtre et quatre mots : “L’Afrique n’en veut pas”. Amadou Sall espère que la production locale rassurera les habitants : “Les Africains pourront visiter l’usine, le vaccin sera fait par des gens comme eux, c’est une dynamique positive”.



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Author : Antoine Beau

Publish date : 2023-10-15 06:45:00

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