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Management : quand la procrastination a du bon

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Après quelques jours de congé, l’heure est venue de programmer ses nombreuses résolutions. Objectifs face aux réalisations. Comme tous les ans, la première colonne va tenir sur plusieurs pages quand la seconde s’arrêtera début février avec un sursaut désespéré en juin. Impossible de s’y tenir, il faudra bien un jour s’y résoudre, mais la culpabilisation l’emporte souvent. Trop ambitieux ? Pas assez courageux ? Mal organisé ? Trop dilettante ? Refus d’être évalué ? Marre d’être en compétition ? Tout simplement surchargé ? Entre les bottes secrètes des manuels d’organisation, les conseils irréalisables de coachs hors sol et l’exemple de superhéros hyperactifs champions du monde dans tous les domaines, 2024 s’annonce encore pire. Le commun des managers désespère de trouver la solution. S’endormir avec “il ne faut jamais remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même”, et se réveiller avec “aide-toi, le Ciel t’aidera”… Ces poncifs, très utiles pour ceux qui sont en forme, accélèrent la charge mentale des autres.Selon une étude Odoxa de 2019, “nous serions 85 % à procrastiner de façon chronique. 85 %… Je pense que les 15 % restants n’ont tout simplement pas répondu au sondage. Car, à de rares exceptions près, nous sommes tous des procrastinateurs en puissance”, indique Mathilde Ramadier, auteure d’Apprivoiser sa procrastination. L’art de faire autrement (Eyrolles, 2023).Agitation des neurones“Toutefois, la procrastination n’est pas synonyme de laisser-faire ni de paresse. Elle est plutôt le signe que vous êtes en activité, poursuit cette psychanalyste de formation. Il ne se passe pas rien dans la tête d’une personne qui procrastine. Il y a de l’activité, beaucoup d’activité même.” Les neurones s’agitent, des informations circulent, sont traitées, entrent en collision avec d’autres et l’amygdale joue un rôle majeur. D’après le professeur Richard Lévy, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, “nous évaluons en permanence la valeur d’une action selon une balance bénéfice-effort ou récompense-effort et en fonction du contexte. Ce qui est évalué n’est pas tant l’effort que la représentation que l’on se fait de cet effort à fournir” (propos recueillis par Stéphane Desmichelle : “Pourquoi les procrastinateurs procrastinent ?”, Sciences et Avenir, 4 juillet 2017). Pris en étau entre le principe de plaisir, hédoniste, en quête de récompenses immédiates, et le principe de réalité, le procrastinateur doit sans cesse faire des choix. Ceux-ci sont parfois des protections inconscientes, des alertes qui remettent à jamais ce que l’on s’est engagé à faire, afin de rester en accord avec soi. Comment le savoir ? Au moment même où l’on renonce à escalader cette montagne (ou à obéir à une injonction pressante et obsédante), on se sent enfin soulagé.Faire autrementS’appuyant sur la troisième maxime de Descartes (“Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs que l’ordre du monde”, Discours de la méthode), Mathilde Ramadier invite à ne pas désirer l’impossible mais plutôt à transformer les habitudes de pensée et de projections en quelque chose de concret (première étape). Deuxième étape : s’interroger franchement sur la raison pour laquelle on bloque sur ce projet impossible. Faire des associations libres et noter “sans intention préconçue ni esprit critique les idées incidentes qui résultent de [votre] observation de [vous]-même” (Sigmund Freud, Sur le rêve). Etre honnête : “à quoi ce projet me fait-il penser, comme cela, sans réfléchir ? Que va-t-il m’apporter, en fin de compte ?”Troisième étape : décomposer, isoler. Etablir des corrélations entre notre comportement, la situation et nos idées qui résultent de cette situation. La procrastination est la cousine de l’acte manqué. “Votre procrastination peut donc vous aider à satisfaire un désir sous-jacent, ou à résoudre un conflit enfoui depuis longtemps”, affirme Mathilde Ramadier. On peut aussi découvrir le Flinders Decision Making Questionnaire (DMQ, Mann, 1982), conçu pour mesurer les modèles d’adaptation à la prise de décision, identifiés par Irving Janis et Leon Mann (1977), qui permet d’évaluer sa procrastination décisionnelle, c’est-à-dire sa tendance à reporter non pas des actes mais des décisions. Dernier conseil : “Ne jamais remettre au lendemain ce qu’on pourrait faire le surlendemain” (Mark Twain). En d’autres termes, première résolution pour l’an neuf : ce que l’on n’est pas tenu de faire en 2024, le reporter en 2025 !

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Author : Claire Padych

Publish date : 2023-12-26 17:00:00

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Tags : L’Express

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