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L’Express

Touché à l’oreille, Trump l’a-t-il été aussi au cerveau ? Les explications de psychiatres

Donald Trump le poing brandi et le visage ensanglanté: juste après les tirs qui l'ont visé à Butler, le 13 juillet 2024




Le 13 juillet dernier, la vie de Donald Trump s’est jouée à quelques centimètres. Des dizaines de photographies et de reproductions 3D d’une précision rarement vue ont permis de s’en rendre compte. Si le candidat républicain à l’élection président n’avait pas tourné la tête une petite seconde avant les tirs, il serait probablement mort lors de son meeting de Pennsylvanie. Au lieu de quoi il s’en est sorti avec une blessure légère à l’oreille. Un miracle, une “intervention divine”, assurent même l’intéressé et ses supporters. Mais si les balles l’ont effleuré physiquement, l’ont-elles pour autant épargné psychologiquement ?”Lorsque j’ai vu les images, je me suis posé la même question”, confie le Dr Wayne Guillaume, psychiatre responsable du service du Cap Bastille, à Paris. Le spécialiste tient néanmoins à rappeler la “règle Goldwater”, adoptée en 1973 par l’Association des psychiatres américains, qui estime que porter un diagnostic à distance, sans consultation, est contraire à l’éthique médicale. “Il faut se contenter de décrire ce qu’il se passe chez les personnes qui se trouvent confrontées à des évènements similaires, puis poser des hypothèses”, insiste-t-il.Fuite, lutte ou sidérationIl est néanmoins possible de savoir ce qu’il s’est passé dans le cerveau de Donald Trump immédiatement après les tirs. Car la règle est la même pour tout le monde : lorsque le cerveau détecte une situation de danger, notamment lorsque l’intégrité ou la vie de la personne est menacée, il déclenche une cascade de mécanismes. Parmi eux, l’hyperactivation de l’amygdale cérébrale, une structure essentielle au décodage des émotions et des menaces. “Il s’agit d’une réponse que l’on retrouve chez de nombreuses espèces animales, indique Patrick Lemoine, psychiatre, clinicien et auteur de l’ouvrage La santé psychique de ceux qui ont fait le monde (Odile Jacob). Elle peut se résumer par la règle des trois F : fight, flight or freeze (combat, fuite ou immobilisation)”.Ces trois “états d’urgence de l’instinct” servent à préparer l’organisme à la survie, soit par l’affrontement physique, la fuite, ou l’immobilisation. Le système nerveux sympathique modifie alors l’afflux sanguin vers les muscles et le cerveau, accélère le rythme cardiaque, augmente la transpiration, dilate les veines, etc. Selon Patrick Lemoine, la réaction de Donald Trump, qui est resté au sol 25 secondes (immobilisation), puis s’est relevé en demandant où se trouvaient ses chaussures (fuite) avant de lever le poing au ciel en criant : “Fight !” (combat), illustre parfaitement le mécanisme. Le psychiatre, qui anime depuis près de dix ans “les dissociés anonymes”, des groupes de parole de femmes victimes de violences, a recueilli de nombreux témoignages qui en rendent également compte. “Des patientes agressées se sont retrouvées par terre, paralysées, certaines pendant trois minutes et jusqu’à trois heures, d’autres sont entrées dans un état dissociatif et ne se sont même pas rendu compte qu’elles avaient violemment frappé leur agresseur”, assure-t-il.Ces réponses peuvent d’ailleurs alterner indépendamment de la volonté de l’individu. “On ne choisit pas sa réaction, c’est complètement instinctif. Et c’est souvent mal compris ou mal accepté, notamment chez les personnes qui se figent lors d’une agression”, précise le Dr. David Masson. Les soutiens de Donald Trump qui voient en son poing levé un signe de combativité et de courage se méprennent-ils donc ? “S’il avait pris la fuite, cela aurait été pareil, confirme-t-il. Sa réaction ne dit rien de lui, pas plus qu’elle renseigne sur un éventuel trauma psychologique en cours ou à venir”.Stress aigu et trouble du stress post-traumatiqueIl existe néanmoins une littérature scientifique conséquente sur les effets des armes à feu aux Etats-Unis, où les fusillades sont monnaie courante : Donald Trump a d’ailleurs rejoint la liste des près de 100 000 Américains blessés par balles chaque année, selon les chiffres d’une enquête publiée en 2022 dans la revue Jama. Ainsi, une étude parue dans SSM – Mental Health indique que les survivants de fusillades sont confrontés à des risques accrus de trouble du stress post-traumatique, de dépression, d’anxiété et de toxicomanie. Des travaux présentés dans la revue de l’Association américaine de psychologie avancent que de telles expériences peuvent altérer la vision du monde des victimes, qui ne leur paraît ni sûr ni compréhensible.Plus généralement, toutes les formes de menace pour l’intégrité physique peuvent provoquer un état de stress aigu chez les victimes. “Il se définit par une hypervigilance, un syndrome de répétition (flash-back) et des conduites d’évitement, en refusant de se confronter de nouveau à des situations similaires à l’événement traumatique, 45 à 50 % des personnes qui font face à des agressions en souffrent”, explique le Dr. Guillaume.Si cet état persiste plus d’un mois, il s’agit alors du trouble du stress post-traumatique, qui se caractérise par le prolongement voire l’aggravation des symptômes, ainsi que par des difficultés à mener une vie normale (refuser de sortir de son logement, insomnies…). “L’évolution vers un trouble de stress post-traumatique après un épisode traumatisant est moins fréquent, de l’ordre de 10 à 15 % des victimes”, précise le Dr. Guillaume.Impossible de savoir si Donald Trump souffre ou souffrira d’un de ces troubles. Et si tel est le cas, il y a fort à parier que ni lui ni ses équipes ne communiqueront à ce sujet. Trop incompatible avec son image publique construite autour de sa santé, sa force et sa virilité supposées. “Si cela l’empêche de verbaliser une souffrance et de parler du trauma, s’il y en a un, alors ses chances d’obtenir un support social adapté peuvent être diminuées”, estime le Dr. Guillaume.La poursuite de la campagne et des meetings pourrait constituer un autre facteur de risque. En cas de stress aigu, l’exposition précoce à des situations similaires peut en effet renforcer les symptômes, assurent les spécialistes. La qualité du soutien social sera, en tout cas, essentielle. En effet, plus les victimes sont entourées et épaulées, plus les risques sont limités. Sur ce point, le candidat républicain peut compter sur un soutien massif de ses supporters et des nombreux professionnels qui l’accompagnent. Mais un soutien émotionnel – proches, famille – est également nécessaire.Il se pourrait, aussi, que Donald Trump parvienne à tirer des bénéfices de cet évènement. Une étude parue dans Aggression and Violent Behavior montre en effet que certaines personnes ayant survécu à un traumatisme peuvent gagner en empathie, mais aussi développer des relations plus solides avec leurs proches. Les supporters de Donald Trump, eux, en sont convaincus : leur candidat en sort plus fort que jamais.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/touche-a-loreille-trump-la-t-il-ete-aussi-au-cerveau-ce-que-nous-apprend-la-psychologie-V2L3DUMBBRGJ3HYMOWKTL33PBY/

Author : Victor Garcia

Publish date : 2024-07-27 06:30:00

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Après la cérémonie d’ouverture, ces cinq menaces qui pèsent encore sur les JO de Paris

Après la cérémonie d’ouverture, ces cinq menaces qui pèsent encore sur les JO de Paris




48 câbles brûlés, cinq départements visés, 800 000 voyageurs concernés, le réseau TGV largement perturbé. Les incendies volontaires déclenchés dans la nuit de jeudi à ce vendredi sur le réseau SNCF marquent le début des hostilités contre les Jeux olympiques. Mais d’autres menaces majeures vont perdurer durant toute la compétition. L’Express en a identifié cinq.Sabotages : un risque protéiformeLes sabotages ne sont pas la menace qui vient à l’esprit en premier concernant les Jeux olympiques. Ils représentent pourtant le moyen le plus facile de perturber la compétition, puisqu’ils ne demandent ni d’énormes moyens logistiques, ni des auteurs particulièrement aguerris. Les câbles brûlés du réseau SNCF la nuit dernière le démontrent bien : en cinq actions, il est possible de handicaper la fin de semaine de près de 800 000 personnes.Le modus operandi évoque deux types d’auteurs. Les groupes d’ultragauche sont les suspects n° 1. Le sabotage de lignes SNCF était d’ailleurs au centre de “l’affaire de Tarnac”, en 2008, mettant aux prises le groupe d’activistes révolutionnaires mené par Julien Coupat. Aucune condamnation n’avait pourtant été prononcée. Depuis plusieurs années, des sabotages de câbles électriques attribués à l’ultragauche sont revendiqués en particulier dans la métropole de Grenoble, où ils visent des entreprises de haute technologie. Depuis l’arrivée de la flamme olympique en France, le 8 mai, les services de renseignement s’inquiétaient en particulier de petits sabotages comme des clous sur les routes, un acte de vandalisme repéré dès le 17 juillet sur le périphérique parisien.Depuis plusieurs mois, la Russie se signale également par des actes de sabotage qui lui sont attribués dans plusieurs pays européens. Selon le Financial Times, le renseignement allemand a prévenu ses homologues dès le mois de mai de risques accrus de sabotage. Au Royaume-Uni, plusieurs personnes ont incendié un entrepôt contenant du matériel pour l’Ukraine et reconnu avoir agi pour le gouvernement russe. En Allemagne, deux hommes ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir planifié pour la Russie des actes de sabotage, notamment dans une base militaire américaine.Cyberattaques : des milliards de tentatives attenduesComme attendu, les voyants cyber sont au rouge écarlate. Un réseau sophistiqué de machines zombies (“botnet”) a été démantelé, a informé le parquet de Paris pas plus tard que jeudi 25 juillet. “Depuis quelques jours, des mouvements de groupes pirates extrêmement puissants, comme Lazarus, sponsorisé par la Corée du Nord, se manifestent”, indique à L’Express Antonin Hily, directeur des opérations de Sesame IT, une entreprise mobilisée pour la sécurité d’infrastructures dites “critiques” lors des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). “Nous avons été ciblés par plusieurs campagnes de déni de service distribué (DDoS) et des tentatives sur l’infrastructure des Jeux et l’administration française au cours des derniers mois”, a quant à lui révélé le patron de la cybersécurité de l’événement, Franz Regul, à Infosecurity Magazine. Sans oublier la découverte récente de centaines de sites de revente de faux billets, obligeant le Comité d’organisation (Cojop) à accentuer sa sensibilisation : “Le public doit télécharger les applications officielles, c’est essentiel !” nous écrit-on.Pour autant, aucune de ces alertes de cybersécurité n’a eu d’impact majeur pour le public, les athlètes, les sites ou encore les transports mobilisés lors de l’événement. La forteresse tient le choc. Certes, le déluge n’est pas fini : des milliards d’attaques informatiques sont attendues sur toute la durée des compétitions, 8 à 12 fois plus qu’à Tokyo il y a trois ans. “Et il y a des failles importantes, notamment dans les hôpitaux”, craint Antonin Hily. Mais le scénario du pire est peut-être, en réalité, déjà passé. Vendredi 19 juillet, le méga bug des systèmes Microsoft, bien qu’involontaire, a impacté des millions de systèmes à travers le monde, générant d’immenses retards dans les aéroports et des problèmes de télédiffusion. Une immense pagaille, dont les cyberassaillants, notamment russes, motivés par la déstabilisation de la France et de son image, auraient à peine pu rêver pour la cérémonie d’ouverture, une semaine plus tard tout pile. Tout est depuis rentré dans l’ordre. Ouf.Terrorisme : le scénario du “loup solitaire”Le 27 juillet 1996, une bombe artisanale explose au parc du Centenaire, à proximité du village olympique, à Atlanta. L’attentat fait un mort et 111 blessés. L’auteur, Eric Rudolph, sera arrêté seulement sept ans plus tard. Sans même évoquer la prise d’otages des JO de Munich, en 1972, qui aboutit au meurtre de 11 athlètes israéliens, c’est ce scénario d’un attentat mené par un individu isolé, avec peu de moyens, qui retient particulièrement l’attention des renseignements. Environ un million d’enquêtes administratives ont été menées, 4 335 refus d’accréditations ont été prononcés. Un peu moins de 200 assignations à résidence et mesures de surveillance ont été mises en place. La présence policière n’a jamais été aussi massive à Paris depuis la Seconde Guerre mondiale.Si le risque d’un attentat commandité depuis l’étranger, sur le modèle du 13 novembre 2015, semble aujourd’hui plutôt écarté, les services de sécurité craignent un profil de “loup solitaire”, pas fiché et radicalisé dans son coin, qui mènerait une attaque à l’arme blanche. Un type de terrorisme dit “de proximité” toujours difficile à juguler.Grèves : les préavis se multiplientL’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 pensait en avoir fini avec les menaces de mouvements sociaux. C’était compter sans le préavis de grève déposé, lundi 22 juillet, par Force ouvrière (FO) dans les aéroports parisiens, pour le jour de la cérémonie d’ouverture. Un accord avait pourtant été trouvé, quelques jours plus tôt, entre la direction et une majorité de syndicats, après un premier préavis. A la clé : le versement d’une prime de 300 euros pour l’ensemble des salariés de Groupe ADP. Mais seules la CFDT, la CFE-CGC et la CGT l’avaient alors signé.Le syndicat FO estime que ce coup de pouce n’est pas suffisant et réclame qu’il soit multiplié par plus de trois pour atteindre 1 000 euros. “Par ailleurs, le texte contenait une mesure limitant le droit de grève sur toute la période des JO. Les autres syndicats sont aujourd’hui contraints par leur signature et ne peuvent pas appeler à la grève”, précise Fabrice Criquet, secrétaire général FO ADP. Une ultime réunion doit avoir lieu ce vendredi avec la direction. Aux dernières élections professionnelles, le syndicat avait recueilli 11,57 % des voix.Plus anecdotique, mais non moins politique, le préavis de grève déposé en fin de semaine dernière par le syndicat SUD des sapeurs-pompiers du Rhône pour toute la durée de la compétition, effectif depuis mercredi 24 juillet. Onze rencontres des tournois olympiques féminin et masculin de football se déroulent à Lyon. En novembre dernier, les 1 062 professionnels du département apprennent que leurs congés annuels seront amputés d’une semaine durant cette période. Ceux qui seront mobilisés lors des rencontres recevront une prime de 160 euros, loin des 1 600 euros promis à leurs homologues parisiens ou marseillais. Ce coup de pouce doit être, selon un décret, versé à 50 % par l’Etat et à 50 % par les collectivités. Or, le département et la métropole de Lyon refusent de mettre la main à la poche en raison du caractère national de l’événement. L’Etat n’entend pas aujourd’hui compléter le reste du montant.Les autres sapeurs-pompiers, qui resteront en caserne et dont la charge de travail devrait logiquement augmenter les jours de match, ne recevront rien. Au ministère de l’Intérieur, on fait pour l’instant la sourde d’oreille. “On a déclenché un préavis de grève qu’on a remis en main propre à la préfète. Nos autorités sont restées campées sur leur position”, raconte Rémy Chabbouh, secrétaire national adjoint du syndicat SUD. Mis au courant de la situation, six députés NFP et un sénateur écologiste du Rhône ont écrit deux courriers envoyés à Beauvau afin de réclamer que la prime soit généralisée à tous les effectifs et qu’elle soit revalorisée. Lors du dernier pointage, 75 % des sapeurs-pompiers étaient en grève. “Notre présence est indispensable. Nous comptons arriver à 100 % dans les prochains jours”, soutient Rémy Chabbouh.Quant aux préavis de grève déposés ces derniers mois, dans la fonction publique, par les éboueurs de la Ville de Paris ou encore par les cheminots de la SNCF, tous ont obtenu gain de cause. La SNCF a notamment décidé de verser plus de 50 millions d’euros de primes. Enfin, le préavis de grève des artistes de la cérémonie d’ouverture, sans doute le plus redouté par le Comité d’organisation des Jeux, a finalement été levé mercredi 24 juillet, après un accord trouvé, comprenant notamment une revalorisation des droits voisins.Covid : la menace fantômeQue se passerait-il en cas de vague de Covid-19 ? Interrogé à plusieurs reprises sur les risques encourus, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux, encore en poste pour s’assurer des affaires courantes durant les épreuves, se voulait rassurant, ce jeudi matin, à la veille de la cérémonie d’ouverture, sur Franceinfo : “Aujourd’hui il n’y a rien comme signal d’alerte très fort.” De fait, ni le ministre, ni Santé publique France ne peuvent en réalité savoir avec précision si le virus circule. Le gouvernement a débranché, et depuis longtemps, les principaux outils de suivi. Mais les indicateurs restants, les tests dans les eaux usées et l’analyse des prises en charge d’urgence, n’indiquent, effectivement, aucune explosion en cours.Le niveau vaccinal actuel devrait suffire à limiter les formes graves. D’ailleurs, aucun protocole sanitaire n’a été décidé pour cette édition, la première à se tenir en bonne et due forme, après l’impressionnant huis clos généralisé des Jeux de Tokyo, en 2021. Certains athlètes, dont ceux de l’équipe de France d’aviron, ont tout de même décidé de remettre le masque, par précaution. Des contaminations sporadiques ne manqueraient pas toutefois d’accentuer la pression sur l’hôpital, déjà très haute. En plus des dégâts de la chaleur, les services d’urgence s’attendent aussi à un surplus de comas éthyliques, d’intoxications alimentaires et de bagarres, malheureux lot de toutes les fêtes populaires et sportives.Les JO seront donc un moment de tension sur le plan sanitaire, mais les experts s’accordent à dire qu’une crise sanitaire n’a que peu de chance de se produire. “De mémoire, aucun de ces grands rassemblements sportifs, que ce soit la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques, n’a généré une épidémie de grande ampleur”, souligne l’épidémiologiste Antoine Flahault.Toutefois, les Jeux olympiques ne seront pas sans conséquences à long terme. Le brassage pourrait favoriser l’émergence de maladies jusqu’ici rares et qui pourraient profiter de l’évolution des conditions climatiques pour s’installer. En tête des menaces : la dengue. L’année dernière, cette maladie transmise par les moustiques faisait déjà 50 cas “autochtones”. Un bilan qui, s’il n’est pas de nature à véritablement gâcher la fête, devrait toutefois fortement progresser cette année.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/avant-la-ceremonie-douverture-ces-cinq-menaces-qui-pesent-encore-sur-les-jo-de-paris-DRG6JFGOXBER7NK6ASS6NUFN4Y/

Author : Antoine Beau, Etienne Girard, Thibault Marotte, Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-07-26 21:30:00

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Sahara occidental : l’avertissement de l’Algérie à la France

Sahara occidental : l’avertissement de l’Algérie à la France




Les 25 et 26 février 2024, Stéphane Séjourné est à Rabat. Le ministre des Affaires étrangères français doit s’entretenir avec son homologue marocain, qui a de grandes attentes. Il espère que la France, à travers la voix de son chef de la diplomatie, effectue un pas en avant vers la reconnaissance du Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole que se disputent depuis plusieurs décennies le Maroc et le Front Polisario, un mouvement indépendantiste sahraoui et soutenu par l’Algérie.Mais la séquence douche les espoirs du royaume chérifien. “Maroc-France : une visite qui a fait pschitt”, raille alors le magazine local TelQuel. Pourtant, devant la presse, Stéphane Séjourné promet de veiller “personnellement” à ce que “cette question existentielle pour le Maroc” avance. Des propos jugés timorés par les Marocains mais qui, quelques mois plus tard, n’ont toujours pas été digérés en Algérie. Ce jeudi 24 juillet, le gouvernement s’est en effet fendu d’un communiqué musclé à l’encontre de Paris.Une “décision” encore inconnue”Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine”, indique le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.A travers ce communiqué, le gouvernement algérien laisse entendre qu’Emmanuel Macron pourrait acter lors d’une visite au Maroc, en décembre prochain, l’évolution de la position française sur la question du Sahara occidental. Et peut-être même “d’apporter son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara”. C’est en tout cas ce qu’interprète le journal en ligne Hespress, qui titre : “La France appuie la marocanité du Sahara, Alger fulmine”. Sollicité par nos confrères de l’AFP, le Quai d’Orsay n’a pas répondu.Le véto marocain sur un référendum d’autodéterminationLa question du Sahara occidental est sensible et parasite les relations algéro-marocaines depuis plusieurs décennies. Dans son communiqué publié ce jeudi, Alger étrille notamment les “puissances coloniales, anciennes et nouvelles, (qui) savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables”. Une façon de s’en prendre à la fois à la France et ou Maroc, qui revendique sa souveraineté sur ce territoire que le royaume désigne comme ses “provinces du sud”, devenu indépendant après la décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1975.Rabat contrôle près de 80 % de ce territoire. Le Front Polisario, réfugié dans les camps de Tindouf dans l’Ouest de l’Algérie, milite lui pour la tenue d’un référendum d’autodétermination afin d’aboutir à la création d’une “République arabe sahraouie démocratique” (RASD). En octobre dernier, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a acté la prorogation de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).Derrière la dimension symbolique, les intérêts économiquesEt si le Maroc était “dans un premier temps” favorable à l’organisation d’un “référendum d’autodétermination du peuple sahraoui”, il en est “aujourd’hui à ne même plus vouloir en entendre parler”, résume dans un compte rendu de commission les Nations unies. Au contraire, le royaume de Mohammed VI dispose d’un “plan d’autonomie pour le Sahara occidental”, dans l’objectif de conserver une souveraineté sur le territoire indépendant.Parmi les principaux points de ce document, Rabat s’engage à garantir “à tous les Sahraouis, à l’intérieur comme à l’extérieur, leur pleine place et leur rôle, sans discrimination ni exclusion, dans les organes et institutions de la région”. Et promet par une autogestion démocratique des affaires du Sahara occidental, tout en conservant “ses pouvoirs souverains dans les dans les domaines régaliens, notamment la Défense, les relations extérieures et les pouvoirs constitutionnels et religieux”.Outre la dimension hautement symbolique, le Maroc s’accroche à une terre dont les sous-sols sont connus pour leurs richesses en phosphate. Les environs maritimes fournissent également au royaume d’importantes ressources halieutiques. Sans compter les étendues désertiques, qui lui permettent de développer une activité milliaire sur site. En 2021, le royaume avait notamment organisé le exercices conjoints African Lion piloté par les Etats-Unis dans le Sahara occidental.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/sahara-occidental-lavertissement-de-lalgerie-a-la-france-UUEJ6N4TFBBV5D5IKHLFHMBHVY/

Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-07-26 15:19:25

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Kamala Harris promet de ne pas “rester silencieuse” sur Gaza après son entretien avec Netanyahou

Kamala Harris promet de ne pas "rester silencieuse" sur Gaza après son entretien avec Netanyahou




Benyamin Netanyahou poursuit sa tournée américaine. Il s’est entretenu jeudi 25 juillet avec le président américain Joe Biden, qui l’a appelé à “finaliser” un accord de cessez-le-feu, et avec la vice-présidente, Kamala Harris, probable candidate démocrate à l’élection présidentielle de novembre. Lors de cette rencontre “franche”, l’ex-sénatrice se serait montrée plus ferme envers le Premier ministre israélien pour qu’il mette fin à la guerre à Gaza. Alors qu’Emmanuel Macron reçoit ce vendredi 26 juillet à Paris le président de l’Etat hébreu, Isaac Herzog, Benyamin Netanyahou sera reçu dans la journée par l’ancien président américain Donald Trump en Floride.Les infos à retenir⇒ Kamala Harris promet de ne pas “rester silencieuse” sur Gaza⇒ Benyamin Netanyahou rencontre Donald Trump ce vendredi⇒ Londres renonce à contester la demande de mandat d’arrêt contre Netanyahou à la CPILondres renonce à contester la demande de mandat d’arrêt contre Netanyahou à la CPIC’était une initiative de Rishi Sunak, mais Keir Starmer ne la poursuivra pas. Le nouveau gouvernement britannique a annoncé ce vendredi qu’il ne chercherait pas à contester la demande de mandat d’arrêt international contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant la Cour pénale internationale. “Il s’agissait d’une proposition du précédent gouvernement qui n’a pas été soumise avant l’élection, que je peux confirmer que le gouvernement ne reprendra pas, en ligne avec notre position de longue date qu’il revient à la justice de décider”, a déclaré une porte-parole de Downing Street. Et de souligner l’importance de la séparation des pouvoirs et de l’Etat de droit.Le procureur de la CPI, Karim Khan, avait requis au mois de mai des mandats d’arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien et plusieurs dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés dans la bande de Gaza et en Israël. Cette décision avait suscité la colère du gouvernement conservateur de l’époque, ainsi que de Joe Biden, qui accusait la CPI de faire une “équivalence entre Israël et le Hamas”.Israël condamne une experte de l’ONU comparant Netanyahou à HitlerIsraël a accusé ce vendredi d'”antisémitisme” Francesca Albanese, une experte indépendante de l’ONU ayant cautionné sur le réseau social X un message d’un ancien responsable onusien comparant Benyamin Netanyahou à Adolf Hitler. Craig Mokhiber, ex-responsable des Nations unies chargé des droits de l’homme, a partagé deux photos : une du dictateur nazi entouré d’une foule et une du dirigeant israélien entouré par des membres du Congrès américain lors de sa visite cette semaine.”L’Histoire nous surveille toujours”, a écrit en légende celui qui a démissionné de l’ONU en octobre 2023 en dénonçant l’incapacité de l’organisation à arrêter le “génocide” des Palestiniens. Sur ce post, Francesca Albanase, rapporteure spéciale pour les territoires palestiniens, a publié le commentaire suivant : “C’est précisément ce que je pensais aujourd’hui”. Ces derniers mois, l’experte italienne a souvent été critiquée par les autorités israéliennes, notamment pour son utilisation du terme “génocide” pour qualifier la guerre à Gaza. Bien qu’elle soit seulement mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et qu’elle ne s’exprime pas au nom de l’organisation, plusieurs responsables israéliens ont réclamé son départ.Kamala Harris promet de ne pas “rester silencieuse” sur GazaCela pourrait être une inflexion notable dans la politique étrangère des Etats-Unis. Au terme d’une rencontre “franche”, la vice-présidente américaine s’est montrée bien plus ferme que Joe Biden vis-à-vis de la guerre de Benyamin Netanyahou. “Ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur”, a-t-elle déclaré, évoquant les “enfants morts” et les “personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri”. Avant d’affirmer : “Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse.”Depuis le 7 octobre 2023, la Maison-Blanche avait tendance à faire pression sur le Premier ministre israélien en privé, et pas aussi ouvertement. Mais Kamala Harris, qui cherche à rassembler un pays et un Parti démocrate très divisés sur la guerre à Gaza, a clairement appelé à un accord de cessez-le-feu. “Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahou, il est temps de conclure cet accord”, a-t-elle déclaré. La candidate démocrate est même allée plus loin en demandant la création d’un Etat palestinien, à laquelle s’oppose le dirigeant israélien.Le président Joe Biden, qui a également discuté avec Benyamin Netanyahou jeudi, s’est contenté de demander à son homologue de “finaliser” l’accord de cessez-le-feu pour permettre de “ramener les otages chez eux” et de “mettre durablement un terme à la guerre”, selon un compte rendu de leur rencontre diffusé par la Maison-Blanche. Le Premier ministre de l’Etat hébreu a, quant à lui, salué le soutien de Joe Biden pendant sa longue carrière. “Je tiens à vous remercier pour ces 50 années de travail au service du public et de soutien à l’Etat d’Israël”, a déclaré Benyamin Netanyahou. Et d’ajouter : “Je me réjouis de travailler avec vous dans les mois qui viennent.”Benyamin Netanyahou rencontre Donald Trump ce vendrediAprès un discours devant le Congrès et deux entretiens avec le couple exécutif, le Premier ministre israélien doit rencontrer l’ex-président Donald Trump, ce vendredi 26 juillet. Celui-ci l’accueille à son golf de West Palm Beach, en Floride. Les relations entre les deux hommes sont bien plus cordiales qu’avec le président démocrate. Mais Donald Trump a mis en garde Benyamin Netanyahou. Lors d’une interview sur Fox News, jeudi, il a incité Israël à “terminer” rapidement sa guerre à Gaza car son image mondiale était en train de se ternir. “Il faut en finir rapidement. Cela ne peut plus durer. C’est trop long”, a-t-il déclaré.Malgré tout, Benyamin Netanyahou trouve chez Donald Trump un soutien encore plus inconditionnel que chez Joe Biden. En 2018, le républicain avait notamment transféré l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. “Les pays arabes […] ont compris que Netanyahou ne compte pas mettre fin à la guerre de sitôt. Il la prolongera probablement jusqu’au mois de novembre prochain, c’est-à-dire après les élections aux Etats-Unis, en espérant que le président Trump les remportera et offrira un soutien total à Israël dans toutes ses actions militaires”, explique le géopolitologue israélien Yoni Ben Menahem à L’Express.Le monastère de Saint-Hilarion classé patrimoine en péril à GazaC’est un des joyaux de la Terre Sainte. Le monastère de Saint-Hilarion, dans la bande de Gaza, a été inscrit au patrimoine mondial en péril de l’Unesco du fait de la guerre entre Israël et le Hamas, a annoncé vendredi l’organisation onusienne.”Situés sur les dunes côtières de la municipalité de Nousseirat, les vestiges du monastère de Saint-Hilarion/Tell Umm Amer représentent l’un sites monastiques les plus anciens du Moyen-Orient, datant du IVe siècle”, écrit l’Unesco sur son site internet. Détruit en l’an 614, ce monastère est dédié à Hilarion de Gaza, pionnier de la vie monastique en Palestine. Lazare Eloundou, directeur du Patrimoine mondial, a expliqué à l’AFP que “la demande est de la Palestine”, pour qui “c’est le seul recours pour protéger le site contre une destruction dans le contexte actuel”.Un dirigeant du Hamas en Cisjordanie mort en détention en IsraëlMustafa Muhammad Abu Ara, 63 ans, est mort après avoir été transféré de sa prison du sud d’Israël vers un hôpital, selon le département chargé des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne et le Club des prisonniers, une ONG palestinienne de défense des détenus. Arrêté en octobre alors qu’il souffrait de problèmes de santé, ce responsable du Hamas en Cisjordanie aurait été victime de torture et de famine, selon cette même source.”Nous déplorons la mort du dirigeant et prisonnier Sheikh Mustafa Muhammad Abu Ara et tenons l’occupation pour responsable de son assassinat par le biais d’une négligence médicale délibérée”, a écrit le Hamas dans un communiqué. L’armée israélienne n’a pas réagi pour le moment.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/kamala-harris-promet-de-ne-pas-rester-silencieuse-sur-gaza-apres-son-entretien-avec-netanyahou-YPBWDQSF7NGDZKUQRZISSVV3IE/

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Publish date : 2024-07-26 14:30:50

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Nouvelle-Calédonie : l’usine de nickel KNS annonce le licenciement de ses 1 200 salariés

Nouvelle-Calédonie : l’usine de nickel KNS annonce le licenciement de ses 1 200 salariés




La direction de l’usine de nickel KNS, l’une des trois implantées en Nouvelle-Calédonie, a annoncé ce vendredi 26 juillet le licenciement de ses 1 200 salariés à la fin du mois d’août, faute d’une “offre finalisée” de repreneur.En grande difficulté financière, avec une dette colossale de 13,5 milliards d’euros, Koniambo Nickel SAS était à la recherche d’un repreneur depuis le départ en février dernier du groupe anglo-suisse Glencore, son actionnaire principal (49 %).”Si le processus de recherche d’un repreneur se poursuit activement et que trois groupes continuent à montrer un intérêt pour notre entreprise”, a expliqué KNS dans un communiqué, “nous ne disposons ni d’une offre finalisée, ni de visibilité sur le financement des opérations”. “Par conséquent, nous sommes contraints de poursuivre le processus de licenciement collectif pour motif économique”, a ajouté KNS.La recherche d’un repreneur se poursuitSelon la direction, le licenciement des 1 200 salariés de l’entreprise sera effectif le 31 août. Seule une cinquantaine d’entre eux resteront en activité au-delà pour “assurer le maintien du site en veille froide”. Le site KNS, un des principaux employeurs de ce territoire français du Pacifique Sud, recourait également à des sous-traitants, employant quelque 500 personnes.Glencore avait accepté de financer les salaires jusqu’à fin août afin de permettre une mise en veille dite “chaude” des opérations, garantissant une reprise rapide des activités en cas de rachat. L’entreprise a assuré ce vendredi que la décision de licencier la quasi-totalité des effectifs “ne remet pas en cause le processus de recherche d’un nouveau partenaire” économique.Une crise qui touche tout l’archipelLa dette de KNS était jusqu’ici entièrement assumée par Glencore, au terme du pacte d’actionnaires qui liait le groupe à la Société minière du Pacifique Sud (SMSP), détenue par des intérêts publics représentant la collectivité indépendantiste de la province Nord.La Nouvelle-Calédonie subit de plein fouet la crise mondiale du nickel et les deux autres usines du territoire sont elles aussi menacées de fermeture. Implantée dans le sud de l’archipel, Prony Resources est totalement à l’arrêt, tandis que la SLN, à Nouméa, affiche une perte nette de 72 millions d’euros au premier semestre, selon les chiffres présentés ce jeudi par son actionnaire principal, le groupe français Eramet.Ces difficultés sont aggravées par l’insécurité qui règne dans l’archipel depuis la mi-mai et qui perturbe l’approvisionnement en minerai et l’accès des salariés à de nombreux sites. Ces émeutes, provoquées par le vote d’un projet de réforme du corps électoral auquel les indépendantistes sont opposés, ont causé la mort de 10 personnes, dont deux gendarmes, et des dégâts matériels considérables sur les infrastructures de l’archipel d’un montant total estimé à plus de 2 milliards d’euros.



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Publish date : 2024-07-26 09:15:40

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L’inquiétante analyse de David Frum, ex-plume de Bush : “Si Trump l’emporte, ce sera la fin…”

L’inquiétante analyse de David Frum, ex-plume de Bush : "Si Trump l’emporte, ce sera la fin…"




Si un Américain vous dit que Donald Trump est un danger pour la démocratie dans le monde, vous tendrez peut-être l’oreille. Vous tendrez à coup sûr les deux si cet Américain est un célèbre néoconservateur qui a soufflé à George W. Bush cette formule passée à la postérité : “l’axe du mal”. David Frum, désormais éditorialiste au magazine The Atlantic, a du mal à saisir pourquoi la France n’arrive toujours pas à former un gouvernement – “Je ne comprends pas où est la difficulté” -, mais il lit en Donald Trump comme dans un livre ouvert. Du candidat républicain, l’ancienne plume de George W. Bush pendant son mandat estime qu’il n’a plus la même vigueur qu’il y a huit ans. Mais qu’il est néanmoins encore plus dangereux : “En cas de second mandat, il sera toujours aussi paresseux, mais il saura ce qu’il veut faire : se venger. Et il sera entouré de personnes qui voudront l’aider.”David Frum trace la voie à suivre pour que Kamala Harris, ou celui qui portera les couleurs du Parti démocrate, triomphe en novembre prochain. Une campagne qui s’annonce violente, selon l’auteur de Trumpocalypse (Harper, 2020) : “Trump va déchaîner contre Kamala Harris toutes les forces obscures de la vie américaine.” Mais lorsqu’on regarde dans le détail les résultats du Parti républicain lors des derniers scrutins, la victoire de l’ex-président est loin d’être acquise, pointe l’éditorialiste. Entretien.L’Express : Deux jours avant l’abandon de Joe Biden, vous écriviez à propos du camp républicain : “Cette équipe est tout à fait battable.” Pourtant, vue d’ici, la puissance de Donald Trump semble difficilement surmontable…David Frum : S’agissant de Donald Trump, il y a une chose importante que les gens perdent de vue. Malgré sa victoire en 2016, celui-ci a obtenu 3 millions de voix de moins qu’Hillary Clinton. Il a perdu la Chambre des représentants en 2018. Il a obtenu 7 millions de voix de moins que Joe Biden à la présidentielle de 2020. A cause de ses multiples interventions, les républicains ont par ailleurs perdu la majorité au Sénat en 2021.Mais ce n’est pas tout. Parce que Donald Trump a insisté pour promouvoir des candidats à son effigie, son parti a obtenu un très mauvais résultat aux élections de 2022. La plupart des observateurs étrangers ont uniquement retenu que les républicains l’avaient remporté de justesse à la Chambre des représentants, mais ils n’ont pas saisi à quel point 2022 a été une mauvaise année pour ce parti. Prenez par exemple les élections législatives au sein de chaque Etat. Ce sont généralement des élections très favorables au parti qui n’est pas celui du président des Etats-Unis en exercice. Or, cette année-là, les démocrates ont repris quatre chambres d’Etat aux républicains. Ces résultats sont le fruit de deux facteurs : d’une part, la colère suscitée par l’abrogation par la Cour suprême du droit constitutionnel à l’avortement (NDLR : qui répondait selon Trump “à la volonté de Dieu”). Ensuite, l’obstination de Donald Trump à envoyer des égéries trumpistes comme candidats dans des circonscriptions où ces derniers n’auraient jamais dû mettre les pieds. Et cela a continué en 2023 lors des élections locales, au niveau des villes, des comtés et des postes de juges. Là encore, les républicains ont obtenu de très mauvais résultats.Donald Trump est incroyablement paresseuxOr le traitement de la politique américaine par la plupart des médias étrangers déforme quelque peu cette réalité. Je grossis le trait, mais les journalistes étrangers ont pour habitude de se rendre au fin fond de l’Ohio où ils interrogent un grand nombre de personnes qui aiment vraiment Donald Trump. Ce qui laisse penser que celui-ci est à la tête d’un mouvement de masse au soutien écrasant. Alors qu’en réalité, si on se fie aux enquêtes d’opinion, Donald Trump n’a jamais eu le soutien de plus de 46 % de la population américaine. Et encore, parmi ces 46 %, seulement la moitié est réellement enthousiaste à son égard. Les autres sont réticents. Les Américains qui s’opposent à lui sont donc plus nombreux que ceux qui le soutiennent. Avouez qu’on est quand même bien loin de l’image d’un Juan Perón entouré d’une foule de partisans fanatiques…Pourtant, malgré un bon bilan économique, Joe Biden et les démocrates ne semblent pas susciter un enthousiasme débordant auprès des Américains…En règle générale, la campagne de réélection du candidat sortant se joue sur son bilan. Lorsque les gens sont satisfaits du parti en place, ils reconduisent le président. C’est comme cela que Ronald Reagan a été réélu en 1984, que George H. W. Bush en 1988 a donné une troisième victoire d’affilée aux républicains, ou encore que Bill Clinton a remporté un second mandat en 1996. Cela aurait pu être le cas avec Joe Biden, mais il y avait en réalité un écart important entre ses résultats dans les sondages et les bonnes performances du Parti démocrate dans les différentes élections. Electoralement, les démocrates s’en sortaient bien jusqu’à ce que les électeurs s’alarment de l’infirmité de Joe Biden. Les Américains ont commencé à craindre qu’en cas de crise le président ne puisse pas faire face à la situation. N’oubliez pas que le président américain doit toujours être un chef de guerre potentiel, qu’il doit toujours être en mesure de répondre non seulement à une crise militaire, mais aussi à une crise militaire nucléaire où le temps se mesure en minutes. Au vu de son bon bilan économique, Joe Biden avait une histoire à raconter aux électeurs américains, mais il n’était pas disposé à le faire. Du moins, il n’en a pas été capable.Kamala Harris a été une vice-présidente relativement effacée. A-t-elle les qualités requises pour porter la candidature démocrate ? Sur l’immigration, dossier dont l’avait chargée Joe Biden, son bilan a été très critiqué…Et pourquoi pas lui confier le dossier de l’Otan tant qu’il y était ! Comment aurait-elle pu aider Joe Biden ? Donner à Kamala Harris la question épineuse de l’immigration, un sujet sur lequel le vice-président n’a aucune marge de manœuvre, a été une faute professionnelle de la part de Joe Biden. Il l’a condamnée à l’échec. L’immigration a été le sujet le plus explosif de la première partie du mandat de Joe Biden. De toute évidence, Kamala Harris n’avait pas les moyens de négocier d’accord avec des gouvernements étrangers ou des membres du Congrès. Un président doit déléguer à son numéro 2 des questions qui sont moins importantes, moins prioritaires, pour lesquelles tout le monde autour de la table comprend que ce n’est pas le président qui aura vraiment la main. Un dossier sur lequel le vice-président a les moyens de conclure un accord qui sera respecté de tous. Lorsque vous êtes le président le plus âgé de l’histoire, vous avez la responsabilité d’aider votre vice-présidente à se construire, car elle peut hériter du poste à tout moment. Cela signifie d’abord lui confier des missions dans lesquelles elle peut réussir. Si vous lui donnez le portefeuille le plus important, vous ne l’aidez pas à se construire. Au contraire, vous la sabotez parce qu’elle n’a pas les conditions pour réussir.Ainsi, pendant les quatre années de l’administration Reagan, Bush était sur la route tous les jours pour collecter des fonds pour les campagnes électorales. Il s’agissait d’un portefeuille où le vice-président pouvait réussir et se faire des amis. C’est ce qui a permis à Bush de remporter facilement sa course à l’investiture. C’est ainsi que l’on construit son vice-président. En lui confiant un dossier important, mais qui ne relève pas du niveau présidentiel. Un dossier qui rend le vice-président plus populaire au sein du parti, et qui lui permet de construire son image. Ronald Reagan voulait vraiment que George H. W. Bush lui succède. Bill Clinton souhaitait vivement qu’Al Gore lui succède. Joe Biden, lui, était plus ambivalent. Il n’a donc pas aidé Kamala Harris comme il aurait dû le faire.La broche du candidat Ronald Reagan, en 1980, avec son colistier George Bush.Lors d’un lors d’un meeting de campagne en Caroline du Nord ce 24 juillet, Donald Trump a traité Kamala Harris de “cinglée de la gauche radicale”. Pensez-vous qu’elle sera une cible plus facile que Joe Biden pour le candidat républicain ?Kamala Harris est une cible plus facile qu’un Biden en pleine forme (rires). Si les démocrates avaient pu trouver un Biden plus jeune, il aurait probablement été le meilleur choix. L’expérience de 2016 avec Hillary Clinton nous a montré que le fait d’être une femme peut vous coûter des points. Etre une femme de couleur peut faire perdre des points à Kamala Harris. Elle n’est donc pas la candidate démocrate la plus forte que l’on puisse imaginer.Donald Trump va-t-il se servir des origines de Kamala Harris et du fait qu’elle soit une femme comme une arme ? Oui. Va-t-il libérer toutes les forces obscures de la vie américaine contre Kamala Harris ? Bien sûr ! Ils l’attaqueront aussi sur le fait qu’au début de sa carrière politique elle a entretenu une liaison avec un homme politique très puissant (NDLR : Willie Brown, maire de San Francisco de 1996 à 2004), en avançant qu’elle s’est servi de cette relation pour faire avancer sa carrière. Ils s’en prendront aux parents de Kamala Harris, tous deux immigrés (NDLR : sa mère est née en Inde, son père, en Jamaïque). Nous assisterons ainsi au remake des “birthers” contre Barack Obama en 2009 (NDLR : des activistes avaient affirmé que le candidat démocrate n’était pas né aux Etats-Unis mais au Kenya). Le camp Trump va aussi s’attaquer à son statut familial, en arguant qu’elle n’a pas d’enfants à elle (NDLR : Kamala Harris a épousé l’avocat Doug Emhoff en 2014 et est devenue la belle-mère de ses deux enfants). Mais Donald Trump devra être prudent parce que les armes qu’il voudra utiliser contre Kamala Harris, s’il les manie de manière grossière, pourraient se retourner contre lui. Et pas seulement avec les femmes et les personnes de couleur, mais aussi avec beaucoup d’hommes et de Blancs.Ne croyez-vous pas que le candidat Donald Trump mettra de l’eau dans son vin une fois élu à la Maison-Blanche ?Vous connaissez beaucoup de gens dont le caractère n’a pas changé entre 10 et 80 ans et qui soudain changeraient passé 80 ans ? Non, une fois Trump à la Maison-Blanche, vous aurez Trump, point barre. Dans son premier mandat, l’action de son administration a été tempérée par plusieurs facteurs. Premièrement, Donald Trump est incroyablement paresseux. Deuxièmement, il ne savait pas comment fonctionnait vraiment le gouvernement des Etats-Unis. Troisièmement, il était entouré de personnes qui ne voulaient pas l’aider à détruire l’Otan. Mais ne vous méprenez pas, en cas de second mandat, il sera toujours aussi paresseux, mais il saura ce qu’il veut faire : se venger. Il saura mieux comment s’y prendre, et il sera entouré de personnes qui voudront l’aider. Cette fois-ci, Trump arrive en sachant qui est son ami et qui ne l’est pas. Il sait que les agences de sécurité nationale accordent de l’importance aux alliances des Etats-Unis avec ses partenaires. Il sait qu’elles ne seront pas satisfaites de ce qu’il veut faire pour détruire ces alliances. Le système de sécurité nationale des Etats-Unis se méfie de ses relations avec Poutine. Pour toutes ces raisons, Trump sera beaucoup plus agressif cette fois-ci dans sa volonté de détruire ces institutions de la sécurité nationale.Plusieurs anciens proches de Trump à la Maison-Blanche, comme l’ancien vice-président Mike Pence ou son ancien conseiller John Bolton, ont d’ailleurs annoncé ne pas le soutenir en 2024…C’est un point très intéressant que vous soulevez. En 2016, Trump pensait qu’il serait populaire auprès des militaires parce qu’il les considérait comme une force réactionnaire dans la vie américaine. Mais il a été stupéfait de découvrir qu’en réalité l’armée, surtout en ce qui concerne les hauts gradés, est ce qu’il y a de plus sophistiqué au niveau du gouvernement américain. C’est dans ce corps-là que l’on trouve le plus de personnes susceptibles de parler une deuxième langue. Et il y a une chose dans laquelle l’armée américaine croit fortement, c’est que les alliés des Etats-Unis sont une immense ressource. Les militaires savent à quel point les ressources américaines sont limitées et à quel point une alliance démocratique est plus puissante que l’Amérique seule.Les démocrates doivent comprendre qu’ils ont en face d’eux une coalition anti-Trump composée de plusieurs élémentsAinsi, en 2016, Donald Trump a découvert, à sa grande surprise, que tout ce qu’il voulait faire était inacceptable pour les militaires. Non pas qu’ils lui aient jamais désobéi, mais lorsqu’il leur disait de faire quelque chose, les militaires lui expliquaient pourquoi ce n’était pas possible. C’est de notoriété publique, lorsque Donald Trump a rendu visite à Emmanuel Macron en France à l’été 2017, il a adoré le défilé du 14 juillet. Il s’est dit : “Je veux la même chose pour les Etats-Unis.” A son retour à Washington, il a donc ordonné à l’armée d’organiser une grande parade sur Pennsylvania Avenue (NDLR : une grande avenue reliant la Maison-Blanche au Capitole des Etats-Unis). Les militaires lui ont expliqué pourquoi, en réalité, ils ne voulaient pas le faire parce que cela aurait eu une connotation politique. Ils ont donc réalisé une étude montrant que de faire défiler des chars d’assaut sur Pennsylvania Avenue coûterait 80 millions de dollars. Et Trump de répondre : “Non, ça ne coûtera pas 80 millions de dollars. Tout ira bien.” L’armée a alors transmis l’étude d’impact au Washington Post. Les militaires ne lui auraient jamais désobéi, mais ils ont trouvé un moyen de ne pas l’aider.Comment les démocrates peuvent-ils battre Donald Trump ?Les partisans de Trump forment un seul bloc constitué de deux parties : une partie qui aime Trump et une partie qui ne l’apprécie guère mais qui le soutient parce qu’elle déteste la gauche. En face, et c’est une difficulté pour les démocrates, vous avez les Américains qui n’aiment pas Trump mais qui le détestent pour des raisons différentes. La coalition anti-Trump est composée de nombreux éléments. Il est plus compliqué d’assembler la coalition anti-Trump que de réunir les deux parties qui forment le bloc pro-Trump. Les démocrates doivent donc comprendre d’abord qu’ils ont en face d’eux une coalition anti-Trump composée de plusieurs éléments. Et trouver diverses façons de s’adresser à elle. Cela ne signifie pas que le candidat démocrate doive s’adresser à toutes les parties, mais il doit les aborder de différentes manières pour atteindre l’objectif commun : vaincre Trump.Il y a des Américains qui n’aiment pas Donald Trump parce qu’ils sont de gauche. Il y a ceux qui ne l’aiment pas parce qu’ils sont au centre. Et il y a même des Américains qui n’aiment pas Trump parce qu’ils sont de droite ! Car Trump n’est pas un conservateur traditionnel. En 2018, lors des élections de mi-mandat, les démocrates ont réalisé des gains importants dans certains des districts les plus conservateurs du pays. Prenez par exemple celui de Houston. Le président George H. W. Bush y a fait ses premières armes en tant que membre du Congrès lorsqu’il s’est présenté à la Chambre des représentants en 1966. Les républicains ont perdu ce siège en 2018 alors qu’ils avaient réussi à le conserver pendant cinquante-deux ans ! Tout comme la coalition Trump a perdu des bastions républicains dans les banlieues huppées d’Atlanta et de Richmond en Virginie.La position de J.D Vance sur l’Ukraine va devenir un handicap pour TrumpMon conseil aux démocrates ? Trouver le moyen de parler à la fois aux femmes noires de la classe ouvrière et aux banlieusards aisés qui considèrent comme inacceptables les attaques de Trump contre les droits humains, les droits des femmes, parce qu’il est une force d’instabilité, parce qu’il est antidémocratique. J’ajouterais que beaucoup d’Américains se soucient de l’Ukraine…A ce propos, J. D. Vance, le colistier de Trump, est un ferme opposant à l’aide américaine à l’Ukraine…En choisissant J. D. Vance, Donald Trump s’est montré trop sûr de lui. En effet, un vice-président se choisit sur deux critères : être prêt à faire le travail si quelque chose arrive au président et élargir l’attrait de ce dernier d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi que John F. Kennedy, impopulaire dans le Sud, a choisi Lyndon B. Johnson en 1960 pour l’aider à gagner. Bill Clinton s’était opposé à la première guerre du Golfe, ce qui l’a fait paraître faible en matière de défense. Pour élargir son champ électoral, il a donc choisi Al Gore, qui avait été en faveur de la première guerre du Golfe. John McCain a choisi Sarah Palin comme colistière, la première dans l’histoire des Etats-Unis, parce qu’il voulait gagner des points dans l’électorat féminin. Lorsqu’il s’est présenté en 2016, Donald Trump tenait à s’assurer le soutien des religieux. Il a donc choisi Mike Pence. Or, J. D. Vance ne s’adresse qu’aux personnes qui aiment déjà Trump. Il n’a en rien élargi l’attrait de celui-ci. Qui plus est, J. D. Vance n’a aucune expérience du gouvernement. Contrairement à George W. Bush, qui avait choisi Dick Cheney non pas pour l’aider politiquement, mais pour tirer parti de son expérience en matière de gouvernement. En réalité, le choix de J. D. Vance n’a été motivé que par un petit nombre de personnes très riches de la Silicon Valley, en raison de son hostilité à l’Ukraine. Et ce petit groupe a promis beaucoup d’argent à Trump.Si la politique est un échiquier, le président est la reine, le vice-président, le cavalier. Le vice-président peut se rendre dans des endroits où le président ne peut pas aller. Mais J. D. Vance ne peut aller que là où Trump est populaire. Vous ne pouvez pas l’envoyer dans une ville comme Los Angeles ! Et la position de J. D. Vance sur l’Ukraine va devenir un handicap pour Donald Trump. Certains membres de l’ancienne coalition Reagan-Bush considèrent l’Ukraine comme une question très importante. En tant que vétéran de l’administration de George W. Bush, je peux vous dire que pour ces gens-là, la confiance des alliés envers les Etats-Unis est une question majeure.Comment jugez-vous la campagne de l’ancien président jusqu’ici ?Donald Trump est manifestement moins énergique qu’il y a huit ans. Il est plus ennuyeux. Il passe plus de temps à jouer au golf. Il participe à moins d’événements. Le spectacle observé lors d’un rassemblement de Trump est moins amusant qu’en 2016.Sa plus grande erreur, jusqu’ici, est de ne pas avoir travaillé plus dur. Dans son esprit, Trump pense toujours qu’il est président. Lorsque Bill Clinton a cherché à obtenir un second mandat en 1996, et Obama en 2012, il s’agissait d’hommes jeunes et vigoureux. Pourtant, ils n’ont pas organisé autant d’événements que quatre ans auparavant. Et tout le monde l’a compris. Vous êtes président. Vous pouvez faire un certain nombre de discours par semaine, mais le président doit faire son travail de chef d’Etat. Or Trump fait campagne comme s’il était président. Il organise très peu d’événements. Avez-vous remarqué que ses meetings ont lieu en plein air ? Si vous organisez un rassemblement à l’extérieur en Arizona pendant l’été, les gens vont s’évanouir et tomber malades. Alors, pourquoi ne loue-t-il pas un stade climatisé ? La réponse est que, lorsqu’il a fait campagne en 2016 et en 2020, il n’a pas payé ses factures. Les stades ne sont donc pas à sa disposition parce qu’il leur doit encore de l’argent. Le fait qu’il ne se préoccupe pas que ses partisans tombent malades lors de ses meetings parce qu’il les tient en été, en plein air, dans des endroits chauds, est par ailleurs un signe de sa sociopathie.Donald Trump n’a-t-il rien accompli de positif à vos yeux lors de son passage à la Maison-Blanche ?Bien sûr, de bonnes choses se sont produites pendant sa présidence, même si ce n’était pas toujours lui qui en avait eu l’idée. Tout d’abord, bien que le comportement de Trump pendant le Covid a été bizarre et peu utile, son administration a permis d’accélérer la production des vaccins. C’est probablement sa plus grande réussite. Aux Etats-Unis, nous avons beaucoup d’obstacles au développement de nouveaux médicaments et à leur approbation. L’administration Trump a supprimé ces obstacles. Et nous avons obtenu les vaccins très rapidement.Je pense que nous avons eu une forte croissance économique pendant les années Trump. L’idée d’imposer des droits de douane sur l’aluminium européen et mexicain était folle. Mais l’idée de se concentrer sur la protection des chaînes d’approvisionnement contre la Chine et s’être battus sur la 5G en aidant le suédois Ericsson contre Huawei étaient une bonne chose. La puissance américaine a été utilisée comme il se doit. Ils n’ont pas été nationalistes à ce sujet. Ils ont dit : nous n’avons pas cette technologie particulière, mais un pays allié la possède et nous devrions l’utiliser plutôt que de se tourner vers la Chine.L’administration Trump a également fait un travail important pour faire entrer les capacités de l’armée américaine dans le XXIe siècle. Alors, oui, il y a de bonnes choses dans l’administration Trump. Mais celle-ci s’est terminée par un désastre : l’assaut du Capitole. La honte de 2021.Pourquoi pensez-vous que tant de républicains, pourtant critiques à son égard il y a encore peu de temps, se soient rangés derrière Trump ?Beaucoup de personnes ont engagé énormément d’argent pour essayer de l’arrêter dans sa volonté de briguer à nouveau la Maison-Blanche. D’abord avec la campagne de Ron DeSantis, puis avec Nikki Haley. Mais vous ne pouvez pas apprendre de vos erreurs tant que vous n’admettez pas que vous avez fait une erreur. Parce que Trump a proposé ce mensonge selon lequel ils avaient secrètement gagné, une grande partie de la base du Parti républicain n’a pas compris qu’il fallait changer. Si nous battons Trump en 2024, nous aurons également sauvé le Parti républicain. Et le potentiel de ce parti est énorme.L’ancien président des Etats-Unis et candidat républicain à l’élection présidentielle de 2024, Donald Trump, lors d’un meeting de campagne à Grand Rapids (Michigan), aux Etats-Unis, le 20 juillet 2024L’une des choses vraiment positives qui se sont produites pendant les années Trump, c’est que nous voyons que la race devient moins importante dans la façon dont les Américains votent. Ainsi, les Blancs ayant fait des études supérieures quittent le Parti républicain pour rejoindre le Parti démocrate. Et nous voyons des Latinos n’ayant pas fait d’études supérieures se tourner vers le Parti républicain. C’est donc le creuset américain qui fonctionne, en construisant des coalitions interethniques et interraciales. Il y a de réelles opportunités qui s’ouvriront pour le Parti républicain une fois que Trump ne sera plus dans la course. Mais les républicains doivent comprendre que Trump était une erreur et réaffirmer leur engagement en faveur d’un transfert pacifique du pouvoir. Comme le démontrent les Britanniques, une société n’est jamais aussi forte que lorsqu’un gouvernement quitte le pouvoir. Chaque jour, à la Chambre des communes, Keir Starmer et Rishi Sunak démontrent la continuité constitutionnelle et l’unité fondamentale de la Grande-Bretagne. Et ils donnent à leurs concitoyens une leçon sur la manière dont la concurrence en politique est censée fonctionner. Les gens ont des idées différentes. Vous contestez vigoureusement, les électeurs choisissent, puis vous avez votre tour, et votre tour est toujours temporaire. Chaque victoire est le prélude à la prochaine défaite. Chaque défaite est le prélude à la prochaine victoire. C’est le jeu.Vous avez écrit récemment : “Un second mandat de Trump plongerait instantanément le pays dans une crise constitutionnelle plus terrible que tout ce que la guerre de Sécession a pu produire.” Si Trump revient au pouvoir, est-ce que ce sera la fin de la démocratie américaine ?Je ne sais pas si vous avez déjà vu le film Le Parrain. Il s’ouvre sur cette phrase : “Je crois en l’Amérique.” Moi aussi, je crois en l’Amérique. Je ne crois donc pas qu’elle choisira Trump. Mais si vous me demandez vraiment d’imaginer une victoire de Trump, voici ce que je dirais : ce ne sera pas la fin de la démocratie américaine, car nous continuerons à nous battre pour elle. Mais ce sera la fin du leadership américain et de la démocratie dans le monde. Trump a toujours pensé que c’était un défaut que l’Allemagne ne possède pas une grande armée et que le Japon n’ait pas une grande marine. Or ce n’est pas un défaut. C’était le plan. Depuis 1945, sous le leadership américain s’est développé un monde pacifique et plus stable. Que ce soit pour l’Europe ou pour une partie de l’Asie, sous ce grand parapluie de la puissance financière et militaire américaine, ont vu le jour la paix et des accords commerciaux. Si vous êtes un touriste français à Bangkok et que vous vous faites escroquer dans un magasin, vous appelez Visa et ils règlent le problème. Sous ce parapluie, les peuples de tous les pays démocratiques peuvent vivre dans un monde plus sûr et plus prospère que leurs grands-parents n’auraient jamais pu l’imaginer.Laissez-moi vous raconter une anecdote personnelle. Deux de mes grands-parents étaient des citoyens polonais qui ont émigré au Canada après la guerre. Mes enfants m’ont récemment demandé de refaire une demande de passeport polonais, auquel j’ai droit. J’ai répondu : “Pourquoi ferais-je cela ?” Ils m’ont rétorqué : “Pour que nous puissions vivre à Paris.” Si je racontais cet échange à mon défunt grand-père, ce serait incompréhensible pour lui, il me dirait : “Tu vis en sécurité en Amérique du Nord et tu veux un passeport polonais pour que tes enfants puissent vivre en France ? Cela n’a aucun sens !” Le monde que nous avons construit est en danger. Et Donald Trump n’a pas à détruire l’Otan pour cela. Il n’a même pas besoin de se retirer de l’Otan. Il lui suffit de dire dans une interview à Breitbart (NDLR : média politique ultraconservateur américain) : “Si la Russie attaque l’Estonie, je ne la défendrai pas.” S’il dit cela, l’Otan sera comme morte. Parce que celle-ci ne repose pas seulement sur la garantie de sécurité américaine, elle repose aussi sur la volonté du président américain d’utiliser les armes pour défendre les pays de l’Alliance. Un président des Etats-Unis qui déclare qu’il n’utilisera pas d’armes nucléaires pour défendre un pays de l’Otan signerait la mort de celle-ci. Une seconde présidence Trump signifiera aussi la fin de l’indépendance de l’Ukraine, la fin du système commercial mondial tel que nous le connaissons aujourd’hui. Et une attaque contre toutes les sécurités, tous les arrangements économiques et sécuritaires de l’Europe.Si Kamala Harris gagne en novembre prochain, je ne pense pas que cela résoudra le moindre problème. Le changement climatique, la pacification de l’Ukraine et du Moyen-Orient seront toujours autant de difficultés devant nous. Mais nous serons au moins en mesure de les résoudre. Pourquoi ? Parce que nous n’aurons pas un criminel à la tête des Etats-Unis.



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Author : Laurent Berbon

Publish date : 2024-07-25 16:00:00

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Un “EDF” des énergies vertes : l’ambitieux projet britannique pour le climat

Un "EDF" des énergies vertes : l’ambitieux projet britannique pour le climat




À peine a-t-il déballé ses cartons au 10 Downing Street que Keir Starmer dévoile déjà des projets d’envergure sur le front climatique. Le nouveau Premier ministre britannique a annoncé, ce jeudi 25 juillet, un grand plan pour les énergies vertes. Son ambition ? Faire du Royaume-Uni un “leader mondial” en matière d’énergies renouvelables.”Je veux gagner la course à l’énergie propre : nous avons le potentiel, les ports, les travailleurs, les talents, et maintenant, un gouvernement déterminé à saisir ses opportunités”, a fait valoir le chef du gouvernement travailliste,en marge d’un déplacement au nord-ouest de l’Angleterre, où il a confirmé qu’un projet de loi avait bien été déposé au Parlement, pour un vote prévu le 5 septembre prochain.Un “EDF” britanniqueUn texte dont la clef de voûte se niche dans la création d’une société publique d’investissement, fer de lance de la transition énergétique outre-Manche. Et avant même sa naissance officielle, son nom est déjà trouvé : Great British Energy (GB Energy). Sorte d’EDF à l’anglaise, note le quotidien britannique The Guardian, qui sera pleinement dédié au développement des énergies renouvelables.Cette entité “possédera, gérera et exploitera des projets d’énergie propre”, explique le site Internet du gouvernement britannique, qui prévoit une dotation quinquennale de quelque 8,3 milliards de livres – soit près de 10 milliards d’euros. Une somme qui devrait permettre à GB Energy d’investir dans un florilège de technologies de pointe : “éoliennes flottantes, l’énergie marémotrice, captage du carbone, ou encore nucléaire”, a notamment indiqué Keir Starmer.Partenariat avec le Crown EstateMais conformément au plan visant à alimenter en énergie durable une vingtaine de millions de foyers d’ici à cinq ans, GB Energy se concentrera dans un premier temps sur l’éolien en mer. Un projet d’infrastructures maritimes rendu possible par le partenariat noué avec le Crown Estate (Domaine de la Couronne en français, NDLR), soit l’institution en charge de la gestion du portefeuille immobilier et foncier de la Royal Family, qui comprend une grande partie des fonds marins britannique.À la faveur de cet accord, l’exécutif espère générer jusqu’à 60 milliards de livres – soit 71,5 milliards d’euros – d’investissements dans le secteur et de susciter un nouvel élan au sein des industriels en faveur des énergies vertes. Car si la GB Energy doit en partie être financée par les recettes de la taxe sur les énergies fossiles, Keir Starmer espère aussi attirer des investissements privés.Création d’emplois, indépendance énergétique…GB Energy “travaillera avec le secteur privé pour développer l’énergie propre dont nous avons besoin, […] et générer des bénéfices pour le contribuable”, a notamment détaillé Ed Miliband, ministre de la Sécurité énergétique et de la neutralité carbone. Car le gouvernement ambitionne aussi de réduire la facture d’énergie des foyers et de créer plusieurs centaines de milliers d’emplois.Au total, “650 000 sur l’ensemble du pays d’ici à 2030”, selon le site officiel du gouvernement. Ce, uniquement en “exploitant la puissance des énergies vertes”, a promis Keir Starmer, qui en a profité pour fustiger le bilan de ses prédécesseurs et de quatorze années d’exécutifs conservateurs.Résultat : “Nous avons perdu une décennie d’opportunités pour booster notre sécurité énergétique”, persifle le locataire du 10 Downing Street. Ainsi, la GB Energy a également pour objectif de rétrécir la dépendance aux importations, auprès de ceux que Keir Starmer désigne, comme des “dictateurs étrangers”.



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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-07-25 16:06:11

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Homard et JO : l’opération séduction de Macron auprès des grands patrons étrangers

A la veille de la cérémonie d'ouverture des JO, Emmanuel Macron a présidé ce jeudi le sommet "Sport pour le développement durable", au Carrousel du Louvre.




Homard, poisson plat, fromage et fraises en dessert. Un menu léger pour une conversation animée, d’après un participant. Ce jeudi 25 juillet à midi, le président de la République a reçu à l’Elysée une quarantaine de grands patrons français et étrangers. Un rendez-vous prévu de très longue date à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Une façon de travailler en profondeur le “soft power” de la France et son attractivité. Parmi les Français, Bernard Arnault, le président de LVMH, Sébastien Bazin, le DG d’AccorHotels, Alexandre Bompard (Carrefour), Christel Heydemann (Orange), Nicolas Namias (BPCE) et Nathalie Bellon-Szabo (Sodexo Live). Dans les rangs des grands patrons étrangers, on trouvait notamment Elon Musk (Tesla), Lakshmi Mittal (ArcelorMittal) ou encore les patrons de Coca Cola, d’Airbnb, d’Alibaba et Tik Tok.Une opération séduction deux mois après le grand raout de Choose France à Versailles qui s’était conclu par des annonces d’investissements records dans l’Hexagone pour un peu plus de 15 milliards d’euros. Sauf que le pataquès politique né de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée début juin et le résultat des élections législatives qui ont suivi début juillet ont commencé à ternir l’image de la France, terre d’accueil, aux yeux des grands groupes internationaux. A tel point que la petite musique du “Why France” commence à se faire entendre. Pas question pour l’Elysée de reperdre la crédibilité acquise ces dernières années auprès des investisseurs internationaux. Lors de sa dernière interview télévisée, mardi, le président a répété par deux fois que la préservation de l’attractivité de la France resterait son combat. L’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation de 14 % du Smic et l’alourdissement de la fiscalité au menu du programme du NFP pourraient refroidir les envies de certains groupes étrangers.Apaiser les craintes”Pour l’heure, aucun projet annoncé en mai lors de Choose France n’a été annulé ni décalé. Mais c’est vrai que tous les investisseurs attendent la déclaration de politique générale du futur chef du gouvernement. Toute évolution de la fiscalité sera scrutée à la loupe”, concède Laurent Saint-Martin, le directeur général de Business France. Tout en affirmant que “tant qu’Emmanuel Macron est encore à l’Elysée, l’attractivité de la France est préservée”… Un vœu pieux ?Après une très courte allocution, c’est une séance de questions-réponses très détendue qui s’est engagée. “Le président a eu une posture ‘éducative’ en répondant aux interrogations sur la situation politique nationale”, raconte un grand patron français. “Il a animé la table et distribué la parole”, rajoute Nathalie Bellon-Szabo. Il a surtout tenté d’apaiser les craintes en affirmant que les gouvernements de coalition n‘étaient pas une exception en Europe. Rapidement, les échanges ont porté sur la géopolitique. “Certains patrons américains se sont montrés inquiets du climat d’incertitude à quatre mois des élections aux Etats-Unis”, raconte un autre participant.Puis la magie des Jeux a opéré. “Les trois-quarts de la discussion ont porté sur l’organisation des JO”, raconte Laurent Saint-Martin. Certains de ces grands patrons seront d’ailleurs présents lors de la cérémonie d’ouverture. Une autre opportunité de faire rêver sur le génie français.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/entreprises/homard-et-jo-loperation-seduction-de-macron-aupres-des-grands-patrons-etrangers-6AGPSCE2AREUTIAM76CKS52WQA/

Author : Béatrice Mathieu, Muriel Breiman

Publish date : 2024-07-25 17:22:30

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Cyberespionnage : cette opération mondiale de “désinfection” menée par la France

Cyberespionnage : cette opération mondiale de "désinfection" menée par la France




A la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la vigilance contre les cyberattaques est à son maximum. Or depuis une semaine, une vaste “opération de désinfection” est en cours, a annoncé ce jeudi 25 juillet la procureur de Paris, Laure Beccuau. Le but ? Tordre le cou à un logiciel soupçonné d’avoir causé “plusieurs millions de victimes dans le monde”.”À la veille de l’ouverture des JO, cette opération démontre la vigilance des différents acteurs, en France et à l’étranger, mobilisés pour lutter contre toutes les formes de cybercriminalité, y compris les plus sophistiquées”, a fait valoir la magistrate, alors qu’une enquête a été ouverte au parquet de Paris après un signalement de la société de cybersécurité Sekoia. Elle a été confiée au Centre de lutte contre les criminalités numériques de la gendarmerie nationale (C3N).Plusieurs victimes sorties d’affaireLes investigations s’intéressent tout particulièrement à un “réseau de machines zombies (botnet)”, soupçonné d’avoir infecté “les machines des victimes” en implantant via des clefs USB, le malware PlugX, “un logiciel malveillant de type’RAT’ (Remote Access Trojan)”, explique le communiqué de la procureure. “Après avoir infecté la machine, le logiciel reçoit des ordres d’un serveur central afin d’exécuter des commandes arbitraires et de s’emparer de données présentes sur le système”, et ce “notamment à des fins d’espionnage”, détaille encore Laure Beccuau.Mais d’après la procureure de Paris, les analystes de la société Sekoia sont parvenus “à prendre possession d’un serveur de commande et de contrôle (C2) à la tête d’un réseau de plusieurs millions de machines infectées”. Un tour de force qui leur a permis de concevoir une “solution technique” de désinfection, en lien avec les enquêteurs. Lancée le 18 juillet, l’opération “se poursuivra pendant plusieurs mois” afin “de désinfecter à distance les machines victimes du botnet”.Quelques heures seulement après le début du processus, “une centaine de victimes” auraient déjà pu bénéficier de cette désinfection, “majoritairement en France, mais aussi à Malte, au Portugal, en Croatie, en Slovaquie et en Autriche”, s’est réjouie la procureure. Elle a assuré qu’à“l’issue de l’opération, d’ici à la fin de l’année 2024, les victimes françaises seront individuellement avisées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/cyberespionnage-cette-operation-mondiale-de-desinfection-menee-par-la-france-2ENGZ7DNVBEGRG2WBSPATEP57M/

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Publish date : 2024-07-25 12:14:08

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Kamala Harris, de vice-présidente à présidente ? Ce seul exemple sur lequel elle peut s’appuyer

Kamala Harris, de vice-présidente à présidente ? Ce seul exemple sur lequel elle peut s'appuyer




On attribue au Texan John Nance Garner, vice-président de Franklin Roosevelt entre 1933 et 1941, et connu pour son langage fleuri, une citation assez crue sur cette fonction : “La vice-présidence n’a pas plus de valeur qu’un seau de pisse chaude.” Dans bien des cas, les “VP” restent en coulisse. Leur pouvoir constitutionnel se limite à la présidence du Sénat, sans pour autant participer à ses débats – il possède néanmoins la possibilité d’y voter en cas d’égalité de voix. Son autre rôle officiel se limite à rester disponible pour remplacer le président s’il décède, démissionne ou se trouve destitué.Cette relégation au second plan n’a pas empêché certains vice-présidents de remporter une élection présidentielle. Mais pas tous ! L’après-Seconde Guerre mondiale a démontré qu’ils avaient quasiment autant de chance d’accéder à la Maison-Blanche que d’en rester à la porte. Voilà Kamala Harris, quasi assurée d’être désignée candidate du camp démocrate après le retrait de la candidature du sortant, Joe Biden, prévenue.Mettons de côté le cas Lyndon Johnson : lorsqu’il remporte l’élection en novembre 1964, il est déjà le président en exercice, à la faveur de l’assassinat de John Kennedy, un an plus tôt. Dans le camp des démocrates, un seul VP a réussi, ces dernières décennies, à être élu président : Joe Biden lui-même. Mais quand il remporte la primaire démocrate – contre, notamment, Kamala Harris –, il n’est alors plus vice-président, c’est Mike Pence, que Donald Trump avait choisi comme colistier.Un autre VP qui n’occupait plus ce poste au moment de l’élection présidentiellea également réussi à la remporter : Richard Nixon, en 1968. Vice-président de Dwight Eisenhower de 1953 à 1961, il avait pour lui d’avoir été assez actif en matière de politique étrangère, “Ike” étant limité dans ses déplacements par des problèmes de santé. Il s’agit d’une revanche : en 1960, Kennedy avait remporté la majorité des Etats face à lui.Le pire ? Un scénario à la Gore ou à la HumphreyKamala Harris peut redouter un scénario comme celui qu’a subi Al Gore, VP de Bill Clinton. “En 2000, Clinton n’était pas impopulaire, mais il subissait ce que les médias américains appelaient la ‘Clinton fatigue'”, se souvient l’historien Yves-Marie Péréon, auteur de Rendre le pouvoir, Les présidents américains après la Maison-Blanche. De Washington à Trump (Tallandier). Gore apparaissait à beaucoup d’Américains comme un technocrate donneur de leçons, sur l’environnement ou les nouvelles technologies, et avait face à lui une équipe de campagne très efficace autour de George W. Bush.Kamala Harris peut aussi craindre un scénario comme celui qu’a connu Hubert Humphrey. Celui-ci avait pris ses responsabilités après le renoncement de Lyndon Johnson à se présenter en 1968 – comme Biden en ce mois de juillet. Par la suite, l’assassinat du favori de la primaire, Bob Kennedy, a mené à sa désignation lors de la convention de Chicago. Mais la candidature dissidente de George Wallace – un ex-démocrate sudiste opposé à la déségrégation – et la polarisation au sein du Parti démocrate concernant la guerre au Vietnam ont permis à Richard Nixon de remporter plus d’Etats que son concurrent.Kamala Harris peut difficilement espérer un scénario comme celui qui a mené à l’élection à la présidence, en 1988, de George Bush senior, le seul VP en poste au moment de son électionau XXe siècle – le dernier était Martin Van Buren en 1836, après… John Adams en 1796 et Thomas Jefferson en 1800.”Il était le VP de Ronald Reagan, qui était encore très populaire malgré le scandale de l’Irangate. À l’époque, l’économie allait bien malgré le krach boursier de 1987, et il avait une image de grand-père de la nation, ce qui n’est pas le cas de Biden actuellement dans un contexte de forte polarisation, rappelle Yves-Marie Péréon. Et contre le gouverneur Michael Dukakis, candidat démocrate, il y a eu à l’époque une campagne très efficace, qui l’a caricaturé en homme de gauche irresponsable.” Une brutalité dont le candidat républicain, Donald Trump, et son colistier, le sénateur J.D. Vance, ne feront sans doute pas l’économie.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/kamala-harris-de-vice-presidente-a-presidente-ce-seul-exemple-sur-lequel-elle-peut-sappuyer-3ISXJFCD7JBSJNHYYFC3VRL5LA/

Author : Clément Daniez

Publish date : 2024-07-25 07:00:00

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Allan Lichtman, l’homme qui prédit les présidents américains : “Les démocrates pourraient l’emporter si…”

Allan Lichtman, l’homme qui prédit les présidents américains : "Les démocrates pourraient l’emporter si…"




Nous sommes en 1981. Joe Biden n’est encore que sénateur et Donald Trump, un homme d’affaires bling-bling qui vient de faire construire une tour à son nom au beau milieu de Manhattan. Allan Lichtman, lui, n’est pas encore connu sous le surnom de “Nostradamus de la présidentielle américaine”, mais il est professeur invité à l’Institut de technologie de Californie, où il fait la rencontre de Vladimir Keilis-Borok, un sismologue russe réputé (il a notamment participé aux discussions américano-soviétiques concernant le contrôle des armements en 1963). “Je suis tombé amoureux de la politique et j’ai toujours voulu essayer d’appliquer les méthodes de prévision des tremblements de terre aux résultats des élections. Mais je vis en URSS…”, lui explique-t-il alors.”C’est ainsi que notre drôle de couple a commencé, en abordant l’histoire des élections présidentielles américaines depuis 1860 comme un jeu de balancier entre stabilité (l’hypothèse selon laquelle le parti à la Maison-Blanche reste au pouvoir) et tremblement de terre (le parti au pouvoir perd sa place)”, résume auprès de L’Express Allan Lichtman, aujourd’hui professeur émérite en histoire à l’American University de Washington. Le modèle est le suivant : 13 affirmations auxquelles la réponse, “vrai” ou “faux”, déterminera le résultat de la présidentielle. Parmi celles-ci : “il n’y a pas de véritable concurrence pour l’investiture présidentielle au sein du parti au pouvoir” ; “le candidat du parti au pouvoir est le président sortant” ; “l’économie n’est pas en récession pendant la campagne électorale” ou encore “le gouvernement sortant enregistre un grand succès sur le plan de la politique étrangère ou militaire”. Si 6 ou plus des 13 points obtiennent la réponse “faux”, le parti sortant perdra l’élection. Mais si c’est moins, il sera victorieux.Rapidement, le procédé (qui s’est jusqu’ici presque toujours révélé efficace) crispe autant les sondeurs qu’il fascine la presse… et les arcanes du pouvoir. Un jour, Allan Lichtman prend un appel de Kay Goss, l’assistante du gouverneur démocrate Bill Clinton. “Pensez-vous vraiment que George Bush père puisse être battu en 1992 ?”, lui demande-t-elle. Il répond oui, l’issue du scrutin lui donnera raison. En 2016, peu après la victoire surprise de Trump, il reçoit même un mot disant “Bravo, professeur. Bien joué”. Signé “Donald J. Trump”.Nous sommes en 2024. Donald Trump a été victime d’une tentative d’assassinat, le président sortant, Joe Biden, vient de se retirer de la course et soutient sa vice-présidente, Kamala Harris. De quoi rebattre les cartes, selon Allan Lichtman. Entretien.L’Express : Joe Biden vient de se retirer de la course à la Maison-Blanche. Les chances du parti démocrate de remporter l’élection s’en trouvent-elles affectées ?Allan Lichtman : Il est trop tôt pour être précis sur l’issue du scrutin, mais le désistement de Joe Biden va avoir de profondes implications pour le clan démocrate. Jusqu’ici, il y avait deux scénarios possibles. Scénario A : Joe Biden se maintenait dans la course, le parti s’unissait derrière lui. Conformément à mon système des 13 clés pour la Maison-Blanche, Biden aurait donc coché la clé de la continuité (le candidat du parti au pouvoir est le président sortant), et celle du soutien du parti (il n’y a pas de véritable concurrence pour l’investiture présidentielle au sein du parti au pouvoir). Avec ces deux clés d’office, il aurait ainsi fallu qu’il en perde six sur les onze restantes pour être donné perdant – ce qui n’aurait pas été une mince affaire car son bilan à la Maison-Blanche a été salué sur de nombreux plans.Je crains que le comportement irresponsable du Parti démocrate ne place cette course à la Maison-Blanche en dehors du champ d’application de ma méthode.Le scénario B, le plus délicat, est celui auquel nous assistons aujourd’hui : Joe Biden s’est retiré, mais sans démissionner de la présidence. Or s’il avait fait ce choix, Kamala Harris, sa vice-présidente, aurait automatiquement pris sa place. Ce qui aurait permis de sauvegarder la clé de la continuité (le candidat est-il le président sortant ?). Ça n’est pas le choix qui a été fait, le camp démocrate perd donc d’office cette clé-là, ainsi que celle du charisme du président sortant, mais aussi, étant donné le revers du parti aux élections législatives américaines de 2022, celle de la popularité (est-ce que, lors des élections législatives de mi-mandat, le parti au pouvoir a remporté plus de sièges à la Chambre des représentants qu’aux élections de mi-mandat précédentes ?). Le parti part donc avec trois clés perdues.Mais le camp démocrate peut toujours préserver la clé du soutien du parti, en s’unissant derrière la candidature de Kamala Harris, comme le souhaite Joe Biden. Et il semble que ce soit ce qui est en train de se produire. Ainsi, ils évitent la perte de quatre clés, ce qui les aurait rapprochés d’une défaite annoncée. Reste à savoir si cela se confirmera lors de la convention démocrate…Que nous dit l’Histoire, lorsque le candidat du parti au pouvoir n’est pas le président sortant, et qu’il est en compétition avec d’autres profils de son propre camp ?Depuis 1900, le parti au pouvoir à la Maison-Blanche n’a jamais été réélu lorsqu’il a perdu ces deux clés. En revanche, il l’a emporté la plupart du temps lorsqu’il n’y a pas eu de compétition interne sur la candidature à soutenir. Ainsi, il est vital que le Parti démocrate s’unisse derrière la candidature de Kamala Harris lors de la convention qui se tiendra à la mi-août.A ce stade, si les démocrates s’en tiennent à la candidature de Kamala Harris, trois des quatre clés encore indécises doivent tomber pour prédire une défaite démocrate : le tiers parti (y a-t-il une candidature sérieuse en dehors des deux grands partis ?), l’agitation sociale (y a-t-il de l’agitation sociale prolongée ?), l’échec militaire ou diplomatique (le gouvernement sortant enregistre-t-il un échec majeur en politique étrangère ?) et le succès militaire ou diplomatique (enregistre-t-il un grand succès ?).Faut-il comprendre que si les démocrates ne suivent pas vos conseils, ils perdront fatalement l’élection ?J’étudie la politique depuis des décennies, et je n’avais encore jamais vu un parti aussi prompt à s’autodétruire et à faire le jeu de l’opposition. Mon sentiment sur la situation politique américaine tient en une phrase : les républicains n’ont pas de principes, les démocrates n’ont pas de colonne vertébrale. Les premiers prétendent être le parti de la loi et de l’ordre alors qu’ils ont soutenu un insurrectionniste, un criminel condamné à plusieurs reprises, un agresseur sexuel condamné au civil, un fraudeur notoire – bref, un président deux fois mis en accusation, qui a en prime soutenu des politiques autoritaires.Mais de leur côté, les démocrates se sont hâtés au premier signe d’adversité de dénigrer leur président sortant, le candidat de leur parti, pourtant choisi par les électeurs lors des primaires démocrates. Je crains que le comportement irresponsable du Parti démocrate ne place cette course à la Maison-Blanche en dehors du champ d’application de ma méthode. Ce serait une première, car celle-ci s’est révélée efficace de l’élection d’Abraham Lincoln en 1860 jusqu’à aujourd’hui…Le candidat soutenu par le parti démocrate ne sera intronisé que mi-août, lors de la convention du parti. Le profil de ce dernier est-il susceptible d’influencer votre diagnostic ?Non, ma méthode part du principe que les Américains votent de façon rationnelle en fonction de la force et du bilan du parti occupant la Maison-Blanche lors du dernier mandat. Autrement dit, l’élection présidentielle est une sorte de référendum sur ce dernier. Et dans cette perspective, le charisme de son candidat ne constitue qu’1 clé sur 13. Ça n’est donc pas susceptible d’être décisif. De plus, aucune clé ne concerne le programme du candidat. J’ai conscience que cela peut sembler paradoxal, mais comme je l’ai constaté en travaillant sur les scrutins des cent soixante dernières années, ça n’a pas de valeur prédictive.En 2008, certains m’ont dit que les Américains n’étaient pas prêts pour la candidature d’un Afro-Américain, et que prédire sa victoire était une erreur. Ils ont eu tort.Le choix de J.D. Vance comme colistier de Trump n’est donc pas susceptible, par exemple, d’avoir un impact sur cette élection ?Non. Prendre en considération le profil du candidat à la vice-présidence créerait des erreurs. En 1988, George H.W. Bush avait choisi le sénateur républicain Dan Quayle, très impopulaire, comme colistier. A l’époque, tous les sondeurs prédisaient que cette décision allait saper les efforts de réélection de Bush. D’autant que Quayle avait subi le pire revers de l’histoire des débats vice-présidentiels de l’époque : il s’était comparé à John F. Kennedy, et le candidat démocrate, Lloyd Bentsen lui avait répondu “Sénateur, j’ai servi avec Jack Kennedy. Je [le] connaissais. [C’] était un de mes amis. Sénateur, vous n’êtes pas Jack Kennedy”. La dernière phrase est restée célèbre. Et pourtant, cela n’a pas eu d’impact sur le vote. Si j’avais dû prendre en compte ce facteur, je me serais donc trompé sur ce scrutin…Votre méthode prend toutefois en compte le “charisme” du candidat de l’opposition, et s’il est perçu ou non comme un “héros national”. La tentative d’assassinat de Donald Trump n’est-elle pas de nature à jouer un rôle ?Je pense que Trump a raté sa chance d’utiliser la tentative d’assassinat dont il a été victime pour se redéfinir, se montrer sous un autre jour. Ses appels à l’unité pleins d’émotion lors de la convention des républicains ne trompent personne : en réalité, Trump a fait du Trump, c’est-à-dire haranguer les foules dans un propos sinistre, sombre, diviseur et incendiaire. Cela étant, je suis assez stupéfait par le traitement médiatique de cette campagne, que j’estime, à bien des égards, aveuglé par le cirque de Donald Trump, et obnubilé par l’état de santé de Joe Biden.A l’heure où certains observateurs s’inquiètent d’une crise de la rationalité, et de la montée en puissance du complotisme, ne craignez-vous pas que votre méthode, qui repose justement sur la rationalité des électeurs, finisse par devenir obsolète ?Je n’ai pas l’arrogance de prétendre que le cours de l’Histoire ne peut pas changer. Mais mon modèle a survécu à des périodes de polarisation extrême bien plus importantes que celle que nous observons aujourd’hui. On me pose cette question tous les quatre ans vous savez (rires). En 2008, certains m’ont dit que les Américains n’étaient pas prêts pour la candidature d’un Afro-Américain, et que prédire sa victoire était une erreur. Ils ont eu tort. En 2016, une femme concourait contre Trump. Je la donnais perdante, et l’issue du scrutin m’a donné raison. Combien de temps ma méthode fonctionnera-t-elle encore, je n’en sais rien. Peut-être ne le saurai-je pas de mon vivant !Quel a été le scrutin le plus difficile à prévoir dans l’histoire des Etats-Unis ?Je pense à deux élections. En 2000, j’avais prévu la victoire du démocrate Al Gore contre le républicain George W. Bush. Et, à mes yeux, je ne m’étais pas trompé. Al Gore avait bien recueilli la majorité des suffrages populaires sur l’ensemble des Etats, mais il avait perdu celui des grands électeurs. C’était une première. Et puis il y a eu la fameuse élection de 2016. La difficulté n’était pas tant dans l’étude des différentes clés : lors de son second mandat, l’administration Obama n’avait pas mené de changement politique aussi important que l’Obamacare, comme elle n’avait pas mené d’action aussi spectaculaire que l’élimination de Ben Laden en 2011. Si bien que les démocrates avaient perdu la cléde l’action politique (le gouvernement a-t-il apporté d’importants changements dans la politique nationale ?) ainsi que celle du succès diplomatique ou militaire. A l’époque, j’avais eu beaucoup plus de difficultés à combattre les idées reçues pour faire valoir que Trump allait l’emporter.Votre méthode a effectivement dû dérouter plus d’un sondeur…Quand j’ai commencé à faire connaître cette méthode, le petit monde des spécialistes de l’opinion m’a reproché d’avoir commis le péché capital de la subjectivité. Il ne s’agit pourtant pas de cela, mais de jugement. Les historiens – et ils ne sont pas les seuls – portent des jugements tout le temps (notion que j’ai soigneusement définie dans mon livre Predicting the next president, qui en est à sa huitième édition). Il a fallu presque un demi-siècle pour que la méthode que j’ai créée avec Vladimir Keilis-Borok soit reconnue et que les sondeurs délaissent leurs soi-disant modèles “objectifs” (qui ne fonctionnaient pas, et ne fonctionnent toujours pas). Aujourd’hui, je crois que l’on peut dire que ma méthode a fait ses preuves. Après les résultats du vote de 2016, j’avais reçu un petit mot disant “Bravo professeur. Bien joué”. Il était signé en grosses lettres “Donald J. Trump”. Vous pouvez imaginer qu’après cela, je ne suis pas devenu très populaire dans le Washington démocrate et dans l’université où j’enseigne (rires)…



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/allan-lichtman-lhomme-qui-predit-les-presidents-americains-les-democrates-pourraient-lemporter-si-WUKWB4HTBZBAHGKWYIWWRICPGI/

Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2024-07-24 16:30:00

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“Quand il veut, qui il veut” : Emmanuel Macron, son jeu dangereux avec la Constitution

"Quand il veut, qui il veut" : Emmanuel Macron, son jeu dangereux avec la Constitution




Les années passent, et il y a des réflexes qui demeurent chez Emmanuel Macron. En ce début d’année 2020, la Cour des Comptes a perdu la tête. Son président Didier Migaud a pris le large, direction la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique. Personne n’est surpris, ce changement était prévu depuis un an. Le poste reste pourtant vacant pendant des mois. La juridiction est même contrainte de reporter de quelques jours la publication de son traditionnel rapport annuel. Cette vacance va bien à Emmanuel Macron, qui prend tout son temps pour trouver un successeur au socialiste. Il réclame “une femme, issue de l’immigration, très bonne analyste”, rapporte la journaliste Corinne Lhaïk dans Président cambrioleur (Fayard, 2020). Le président veut alors “casser le système”, selon ses propres mots. Au diable les horloges, il est “à la recherche du geste parfait”, narre la journaliste.Rien n’a changé. Le chef de l’Etat se joue de tout, de tous et du temps. Affres du présidentialisme jupitérien. Ses deux derniers “coups” ont ajouté au brouillard, sinon au capharnaüm politique. En juin, il ouvrait, avec la dissolution, une crise institutionnelle dans une Constitution qui n’en connut guère, et qui fut modelée de telle manière à les éviter. Voilà la Ve entravée, qui ressemble un peu plus la IVe, et où les partis politiques ont repris vigueur, où aucun des trois blocs de l’Assemblée nationale ne peut gouverner librement. En juillet, le même Emmanuel s’amuse de cette paralysie politique, et réclame une “trêve olympique”.”Quand il veut, qui il veut”Le sport transcendant la Constitution. Son gouvernement démissionnaire, chargé des affaires courantes, passe les plats. Et puisqu’il est démissionnaire, le Parlement n’a plus le pouvoir de le censurer. Il faut ajouter à cela son refus de nommer un Premier ministre de cohabitation. Un gouvernement inutile, un Premier ministre inexistant, et un Parlement bien incapable, d’aucuns diraient bloqué. “L’article 8 alinéa premier de la Constitution se borne à prévoir que le président de la République nomme le Premier ministre, sans plus de précision, c’est-à-dire, prosaïquement : quand il veut, qui il veut”, explique Bertrand-Léo Combrade, professeur de droit public à l’université de Poitiers, dans une tribune au Monde. Emmanuel Macron, seul en scène, jouant de l’absolutisme que la fonction lui octroie.”La majorité sortante a perdu cette élection”, admet-il ce mardi 23 juillet sur France 2. Mais sitôt l’aveu prononcé, il dessine les contours de ce gouvernement idéal. Il prône une grande coalition des “forces républicaines” ayant fait barrage à l’extrême droite dans les urnes. “Il faut que toutes les forces, encore une fois, qui ont travaillé ensemble dans l’entre-deux-tours fassent collectivement de même”, a-t-il intimé dans son interview. Comme si le front républicain était un programme de gouvernement. Le programme, il l’a déja en tête. Il plaide pour “plus de fermeté, plus de sécurité et plus de justice, plus de simplicité et mieux vivre de son travail”.SphynxCroit-il encore qu’il peut l’emporter, contre vents et marées ? Contre l’habitus de la Constitution, qu’importe qu’il ait perdu deux élections, coup sur coup ? Les européennes le 9 juin puis les législatives anticipées le 7 juillet. Il cherche à rebondir, comme François Mitterrand en son temps. Le 2 mars 1986, à l’aube des législatives qu’il sait perdues, François Mitterrand s’invite sur le plateau de la vedette de TF1, Yves Morousie. À la droite de Jacques Chirac, pas encore victorieuse mais déjà gourmande, l’alors président recadre : “Personne ne désignera le Premier ministre à ma place, croyez-moi ! […] On ne pose pas de conditions au président de la République.”Mais n’est pas sphynx qui veut… Emmanuel Macron a beau marteler que “personne n’a gagné”, il n’est guère maître de la situation politique. La coalition de gauche qui est arrivée en tête dans l’hémicycle, et a d’autant plus récupéré nombre de postes-clefs à l’Assemblée, a toute légitimité de réclamer le poste de Premier ministre, quand bien même souhaite-t-elle un gouvernement “à la petite semaine”. Cela importe peu à Emmanuel Macron. Sur France 2, il a balaye les demandes du Nouveau Front populaire. Il opte pour une lecture personnelle du verdict des urnes. La gauche est certes en tête en sièges, mais trop loin de la majorité absolue pour réclamer Matignon. C’est donc niet.Merci mais non merciQui écoute encore ce président si démonétisé ? La gauche continue de réclamer un dû quand la droite, elle, ne veut pas entendre parler d’une alliance. Elle reste à distance d’un pouvoir finissant en vue d’incarner l’alternance en 2027. Tout juste Laurent Wauquiez propose-t-il un “pacte législatif”, au contenu réel plus modeste que son intitulé ambitieux : une série de mesures que la droite s’engage à voter si le nouveau gouvernement venait à les présenter à l’Assemblée. Soit, en réalité, le travail de tout groupe parlementaire d’opposition. “Laurent réaffirme une ligne classique avec des mots nouveaux”, sourit un fidèle.La gauche n’est pas plus allante. Le camp présidentiel a fait le pari d’une désintégration du Nouveau Front populaire, alliance électorale viciée par des désaccords stratégiques comme idéologiques. Son hypothétique implosion ne jetterait pas mécaniquement les “socialistes modérés” – comme le veut la formule consacrée – dans les bras du bloc central. Des tentatives de prises de contacts ont bien eu lieu, comme le racontait il y a peu L’Express, mais le président fait face à un mur qui tient encore. “Les députés socialistes n’attendent pas des coups de téléphone de ceux qui ont perdu les élections. Ils veulent le respect des électeurs, c’est-à-dire la nomination de Lucie Castets à Matignon”, réplique Boris Vallaud, le chef de file des députés socialistes. L’union de la gauche tient, d’autant plus désormais qu’elle a sa candidate au poste de Premier ministre : Castets, une énarque, venue des rangs socialistes et que La France insoumise soutient. En octobre dernier, la haute fonctionnaire s’affichait au meeting de lancement de Place Publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann.Pression invisibleReste qu’Emmanuel Macron n’a pas renoncé à son arme constitutionnelle suprême : la dissolution de l’Assemblée nationale, qu’il pourrait prononcer dans un an en cas de blocage. Plusieurs macronistes jugent que cette menace d’un retour aux urnes empêche toute coalition. Elle emprisonne les députés dans leurs sociologies électorales respectives, et freine leurs initiatives. “Renoncer à toute dissolution remettrait de la tension et favoriserait une coalition, note un ministre. Les députés n’y ont aujourd’hui pas intérêt. Si on repart dans une campagne dans un an et que j’ai fait valoir l’idée d’une alliance avec la gauche, les électeurs vont me couper la tête.”A défaut, la situation se fige. Les petits pas vers l’autre sont pétris d’ambiguïté et de prudence. On mime l’esprit responsabilité pour s’éviter le mauvais rôle. On ne va guère plus loin pour ne pas se “compromettre”. Le temps file, chaque heure qui passe renforce la pression sur le chef de l’État. Une pression invisible, masquée par le gigantisme des Jeux olympiques. Le maintien de l’actuel exécutif ne saurait se prolonger. Il est déjà trop tard pour l’heure du choix.



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Author : Olivier Pérou, Paul Chaulet

Publish date : 2024-07-24 16:40:29

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David Lappartient, le Français le plus puissant du sport mondial : ses ambitions, ses secrets

David Lappartient, le Français le plus puissant du sport mondial : ses ambitions, ses secrets




C’est une opération secrète. Soigneusement préparée, échafaudée en une poignée de semaines. Une opération commando en marge des circuits traditionnels de la diplomatie. Dans cette zone grise où tout ou presque est possible, comme l’exfiltration de 125 Afghans au nez et à la barbe du pouvoir près de cinquante jours après le départ des Américains, la chute de Kaboul et la reconquête du pays par les talibans. Dans tout le pays, c’est le règne du chaos et de la peur. Le drapeau blanc barré de la chahada, la profession de foi de l’islam, a remplacé le drapeau tricolore, noir, vert et rouge de l’ancienne République d’Afghanistan sur les bâtiments officiels encore debout. Des millions de femmes vivent leurs derniers jours de liberté. Les humanitaires plient bagage et les derniers avions militaires occidentaux se sont envolés dans la confusion, avec, parfois, accrochés aux trains d’atterrissage, quelques candidats désespérés à l’exil. Le pays s’est bunkérisé, l’espace aérien a été interdit aux avions étrangers.Et pourtant. Ce 29 septembre 2021, un Boeing 737-800 de la petite compagnie afghane privée Kam Air décolle discrètement de l’aéroport de Mazâr-e Charîf, la quatrième plus grande ville d’Afghanistan, au nord du pays. Un lieu stratégique au confluent du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan et du Turkménistan. Aucune compagnie n’a accepté d’assurer l’avion. Sur le tarmac, un bus venu de Kaboul avec plus d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont patienté pendant des heures. Des sportifs – beaucoup de cyclistes professionnels – mais aussi un juge spécialisé dans le harcèlement, une journaliste et un musicien dont les talibans menaçaient de couper les mains. Chacun a voulu fuir avec son conjoint, ses enfants, parfois une mère, un père, un oncle âgé… Une liste raturée, biffée des dizaines de fois. Sélection forcément injuste au regard du drame qui attend ceux qui restent. Jusqu’au dernier moment, ils n’y ont pas cru. Rapidement, ils montent dans l’avion qui décolle vers le Tadjikistan et l’aéroport international de Douchanbé, la capitale. Quelques heures auparavant, le ministre des Affaires étrangères du Tadjikistan a donné son feu vert, mais pour soixante-douze heures seulement. Après, l’aéronef devra avoir quitté le sol tadjik. Il doit théoriquement repartir vers les Emirats, lesquels tournent casaque. Finalement, l’Arménie se dit prête à accueillir l’avion et ses passagers. De là, on leur fournira des visas en règle pour le Canada, la Suisse, Israël, l’Italie ou la France…Derrière cette opération, un Français : David Lappartient, alors président de l’Union cycliste internationale et du conseil départemental du Morbihan. Pourquoi lui ? Parce que le jour de la chute de Kaboul, le 15 août 2021, grâce à son ami Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, il a pu faire sortir du pays une douzaine de sportifs et de représentants afghans du comité olympique. L’histoire s’est répandue comme une traînée de poudre et il a reçu dans les jours qui suivent des dizaines d’appels au secours. Il a réussi une fois. Pourquoi pas deux ? Mais cette fois, le Quai d’Orsay n’est pas là pour assurer la logistique. Alors, Lappartient ouvre son carnet d’adresses et appelle un milliardaire israélo-canadien qui a fait fortune dans l’immobilier outre-­Atlantique, Sylvan Adams. Pas vraiment un inconnu. Ce sexagénaire, parmi les hommes d’affaires les plus puissants ­d’Israël, est un fan de cyclisme. Il a même créé une équipe, Israël-Premier Tech, qui participe à son premier Tour de France en 2020. Philanthrope, il peut financer sur ses propres deniers les surcoûts liés au départ du Giro, le Tour d’Italie, en Israël. Capable aussi d’organiser un match de foot amical entre l’Argentine et l’Uruguay à Tel-Aviv, juste parce qu’il est fan de Lionel Messi. Sortir des griffes des talibans des cyclistes, Sylvan Adams achète l’idée. Il ouvre grand son chéquier, trouve la compagnie aérienne, recrute un équipage assez fou pour assurer cette mission de sauvetage. Lappartient, lui s’occupera de la diplomatie, de finaliser la liste, trouver un visa en bonne et due forme pour chacun. Lappartient a le bras long ; pendant quatre semaines, il fait travailler les administratifs de l’UCI sur le dossier. “Une des périodes les plus intenses de ma vie”, confie-t-il.L’homme politique ultimeL’histoire en dit long sur le personnage. Un homme au croisement de la diplomatie, de la politique et du sport qui n’aime rien tant que le clair-obscur. Le pouvoir sans la lumière. Tirer les ficelles, évidemment, sans jamais être condamné aux strapontins. David Lappartient n’est pas connu du grand public. Ne goûte pas les jeux politiques parisiens. En Bretagne, ce “gars du pays” est pourtant omniprésent. Maillon solide de cette “mafia” bretonne où les renvois d’ascenseurs l’emportent sur les différends politiques. Lappartient est avant tout président… plusieurs fois même. Président (divers droite) du département du Morbihan après avoir été des années durant maire de Sarzeau, président de l’UCI, une des plus puissantes fédérations sportives au monde, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), président de la commission e-sport au Comité olympique international (CIO) dont il est membre, président du conseil de fondation de l’Agence mondiale antidopage. Mais aussi président du Parc naturel régional du golfe du Morbihan jusqu’en septembre 2023, de l’Agence de développement touristique, PDG de la Compagnie des ports du Morbihan. Aussi à l’aise avec un pêcheur de Port Anna dans le golfe du Morbihan qu’avec un chef d’Etat ou une star de la petite reine. Un homme-­orchestre aux casquettes interchangeables et aux revenus importants : environ 50 000 euros par mois à en croire les dernières délibérations de l’UCI et du département du Morbihan.Quand il s’est agi de nommer en urgence un nouveau président du CNOSF, en mai 2023, après la démission surprise de Brigitte Henriques, c’est lui que le monde du sport français est allé trouver. En quelques semaines, Lappartient a remis sur pied une institution alors minée par les ­rivalités. Imposant sa méthode, quelques lignes claires, des points d’avancée réguliers, beaucoup de contact humain et une grande confiance accordée à ses subordonnés. Le 26 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture, il sera cet inconnu serrant la main de chacun des 120 chefs d’Etat invités.Parfois, David Lappartient s’emmêle les pinceaux. Comme cette fois où la petite mairie de Sarzeau a réglé une facture de téléphone de 11 000 euros liée aux dépenses de son édile lors des mondiaux de cyclisme sur route à Melbourne en Australie, en 2010. L’élu a immédiatement remboursé la note salée. Cette bévue pourrait raconter les excès d’un baron local absent, trop cumulard pour bien faire son travail. Mais non. Ceux qui l’ont croisé ou ont travaillé avec lui l’encensent. Charismatique, empathique, pas bégueule, talentueux, travailleur, honnête, franc, sportif… L’homme politique ultime, sans les défauts qui vont parfois avec. “J’ai beaucoup d’admiration pour David. Il mouille la chemise en respectant les valeurs du sport. C’est une belle personne”, s’emballe Jean-Christophe Rolland, ancien médaillé d’or olympique en aviron, devenu son collègue au CIO. “Je ne vois pas…”, répond la sénatrice LR Muriel Jourda, à qui nous demandons si le patron du Morbihan a tout de même un défaut. “Il sait se faire élire”, approuve Renaud Muselier, le président de la région Paca avec lequel il travaille sur le dossier des JO de 2030. Se faire aimer aussi.Ses adversaires s’excuseraient presque. Dans le Morbihan, l’opposition départementale a quelques désaccords politiques mais abonde de mots doux envers le patron de droite : “C’est quelqu’un de respectueux, avec beaucoup de qualités humaines. Il met à l’aise”, loue Rozenn Métayer, élue de gauche. Chaque mois, David Lappartient organise un grand déjeuner dans une salle du conseil départemental. Il vient saluer chaque élu, glisse un mot à chacun. Même Brian Cookson, l’ancien président de l’UCI qui l’avait choisi comme bras droit et contre lequel Lappartient a fait campagne quand il s’est agi de renouveler son mandat, se veut indulgent : “C’est avant tout un politique qui a beaucoup d’ambition”, résume le Britannique, fataliste.A peine François Goulard, son prédécesseur à la tête du Morbihan, se permettrait-il une petite réserve, accompagnée d’une nuance immédiate : “Il a pu avoir un côté jeune homme pressé, trop ambitieux. Mais il a gommé ça rapidement.” En 2013, les deux élus s’étaient vertement affrontés autour du financement du Parc naturel du golfe du Morbihan. Brouille désormais oubliée : en politique pragmatique, Lappartient sait mettre derrière lui les vieilles querelles quand l’intérêt le commande. L’ex-maire de Vannes faisait partie des invités à la remise de la Légion d’honneur au président de l’UCI, le 23 janvier 2024 à l’Elysée, en présence de Nicolas Sarkozy, Jean-Yves Le Drian ou Laurent Wauquiez. “Tu as réussi ta succession. J’espère réussir aussi bien la mienne”, a alors glissé Emmanuel Macron à François Goulard. Le président de la République ne pouvait passer à côté d’un spécimen aussi en phase avec sa conception de la politique : lui aussi apprécie beaucoup David Lappartient, son dynamisme en particulier. “C’est quelqu’un de très bien”, acquiesce un proche du chef de l’Etat.Aux quatre coins du monde dans la même semaineDifficile d’attraper un tel homme. Il nous a fallu deux mois pour obtenir un rendez-vous. Nous voilà donc dans un des nombreux bureaux de “Monsieur Gentil”, au CNOSF, accolé au stade Charléty à Paris. “Désolée pour ce léger retard, j’étais avec des journalistes de la télévision chinoise. Xi Jinping est demain à Paris. J’ai fait une interview sur la relation entre sport et art”, s’excuse-t-il. Première rencontre avec ce quinquagénaire lisse, entre le gendre idéal et le politique empathique. Regard azur, cheveux courts, petite raie sur le côté, bouche en lame de couteau, silhouette affûtée. Jeune, pendant sa courte carrière de cycliste professionnel, Lappartient n’était pas un de ces “cuissards” qui jouent le tout pour le tout dans des sprints explosifs. Lui, c’était un rouleur, le terrain plat, la pluie, le vent en pleine face. Les courses longues qui usent le peloton, l’adversaire.Le matin de notre rencontre, il est parti à l’aube en train de Vannes pour la gare Montparnasse. Emploi du temps millimétré, immuable. Le lundi s’écoule au conseil départemental, puis le lendemain départ pour Paris et le CNOSF ; le jeudi, c’est la Suisse au siège de l’UCI, puis retour le vendredi ou samedi au département en avion. Easyjet Genève-Nantes. La semaine suivante, il sera en Chine pour les compétitions qualificatives olympiques de BMX, puis il fera un détour à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, pour assister aux championnats du monde de judo, avant de gagner São Paulo, au Brésil, pour le congrès de la Confédération panaméricaine de cyclisme. Retour, enfin, dans sa maison de Sarzeau. Et peut-être le dimanche, si le temps le permet, une partie de pêche au maquereau. Un seul agenda centralisé par son assistante de l’UCI à Lausanne, auquel ont accès ses différentes équipes. Insatiable, hyperactif.Comment il a tissé sa toileReconstituer l’ascension de David Lappartient, c’est lire un roman de Balzac, le golfe du Morbihan pour décor. Né le 31 mai 1973, issu d’une famille paysanne de la presqu’île de Rhuys, il rappelle à l’envi ses origines modestes, ses grands-parents sans le permis de conduire, faisant tout au tracteur, marchands de bestiaux, fonctionnant presque en autosuffisance – ses anecdotes du “vieux temps” ont toujours fait un malheur à Sarzeau. Père cadre bancaire, scolarité à Vannes puis à Lorient, loin des établissements de standing de la bourgeoisie locale. Diplôme d’ingénieur, cabinet ­d’expert-géomètre lancé en 1998, et en parallèle, cette passion pour le cyclisme, qu’il assouvit en devenant commissaire de course, l’équivalent d’arbitre international. Il passe tous ses examens en anglais, une aptitude qui ne tardera pas à lui servir. Car le jeune homme a de la suite dans les idées et va bénéficier de ces petits coups de pouce du destin dans lesquels s’engouffrent les ambitieux coriaces.En 1996, Daniel Baal, le président de la Fédération française de cyclisme (FFC), doit ouvrir son comité directeur à un membre de moins de 30 ans, ses statuts l’y obligent. Ce sera Lappartient. “Je l’ai senti immédiatement hyper-investi, curieux de tout”, se souvient Baal. Dès lors, le Morbihannais tisse sa toile, comme il va le faire en politique. Il devient trésorier, puis vice-président, avant d’être élu président de la FFC, en février 2009. Entre-temps, le dirigeant de 35 ans a remporté les municipales à Sarzeau, sur une liste divers droite. L’élu se dit “gaulliste social”, autant par refus de la défiance de l’entreprise que par attrait pour l’exercice du pouvoir. “Chez les gaullistes, on aime bien avoir un seul chef”, sourit-il.Si on ne parle qu’avec des démocraties qui nous ressemblent, on ne ­parlera plus à grand mondeDavid LappartientA la FFC ou à Sarzeau, il ne brille pas par un excès de démocratie participative, ce qu’il comble par un sens inné du contact humain. “Je l’appelais ‘notre maire qui êtes aux cieux’, et sa majorité ‘David a dit’, pour leur admiration sans bornes”, grince Marie-Christine Riédi, cheffe de l’opposition socialiste à Sarzeau. L’élue municipale lui reproche principalement son “manque d’intérêt pour la question sociale” : “Il a toujours refusé de changer les tranches du quotient familial, sauf à l’approche des élections. Alors que lui gagne beaucoup d’argent.” Réceptif aux projets de promoteurs immobiliers, Lappartient entretient avec le business ce rapport sans complexes de ceux qui ont trimé pour réussir.Le successeur de Thomas Bach au CIO ?Elu à la tête de l’Union européenne de cyclisme, en 2013, puis de l’Union cycliste internationale, en 2017, des succès facilités par sa maîtrise de l’anglais, il développe des relations suivies avec des entrepreneurs de pays autoritaires. En août 2017, un mois avant son élection à l’UCI, il rencontre l’oligarque russo-turkmène Igor Makarov, 1,85 milliard d’euros de fortune personnelle, à bord de son yacht stationné au large d’Arzon, à deux longueurs de brasse de Sarzeau. Durant le mandat précédent, le businessman, président d’honneur de la Fédération russe de cyclisme, a financé l’UIC à hauteur de 2,5 millions d’euros. Lorsque Lappartient gagne, Makarov exulte, selon des propos rapportés par L’Equipe : “C’est un peu ma victoire.” Des championnats du monde de cyclisme sur piste sont envisagés au Turkménistan pour 2021, avant d’être abandonnés à cause du Covid. Igor Makarov siège encore aujourd’hui au comité directeur de l’UCI, sous passeport chypriote.Le 2 juin 2020, David Lappartient remet également une médaille à Gurbanguly Berdimuhamedov, le dictateur du Turkménistan. Motif ? Il a créé la Journée mondiale du vélo, reconnue par l’ONU. “Si on ne parle qu’avec des démocraties qui nous ressemblent, on ne ­parlera plus à grand monde”, souffle Lappartient. Autre polémique, quelques mois plus tôt, quand il fait fermer la fondation antidopage pour le cyclisme (CADF), créée par l’UCI en 2008, au profit de la toute nouvelle International Testing Agency (ITA). Certains imaginent que le président veut éloigner un dossier possiblement gênant dans le futur, tant les performances extraordinaires de certains champions apparaissent suspectes. Lui plaide une meilleure efficacité. La décision plaît en tout cas au Comité international olympique : Thomas Bach, le président de la puissante organisation, a appelé les fédérations nationales à adhérer à l’ITA. Or le Français a tout intérêt à se rapprocher de la tête du CIO. En effet, le mandat de Bach expire en 2025 et Lappartient se verrait bien lui succéder. Un poste éminemment politique. Le monde sportif tricolore et Emmanuel Macron en rêvent. Une façon pour la France de reconquérir un soft power délaissé pendant des décennies. “Je n’imagine pas ne pas continuer à servir le CIO”, nous confie-t-il.Pour cela, Lappartient a multiplié les signes d’allégeance ces dernières années. En œuvrant par exemple à la dissolution en 2022 de SportAccord, une association regroupant les fédérations internationales sportives. Pendant longtemps, la structure s’est vue comme le concurrent direct du CIO, jusqu’à imaginer des jeux mondiaux thématiques qui auraient dévitalisé la cash machine des JO. Or, au sein de SportAccord, l’UCI était l’une des fédérations les plus puissantes. “En accédant à la présidence de l’UCI, David Lappartient a été celui qui a accepté et accompagné la disparition d’un des potentiels concurrents du CIO”, décrit Patrick Clastres, historien de l’olympisme et professeur à l’université de Lausanne. Suffisant pour régner sur l’olympe du sport mondial ? Les tensions mondiales s’invitent au sein même de ce conclave secret. Poussés par la Chine et la Russie, les pays du Sud rêvent que le futur président soit enfin issu de leurs rangs, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry est citée. “Le CIO a sa propre diplomatie, sa propre langue comme celle du Quai d’Orsay”, décortique Lappartient. Il lui faudra naviguer dans un environnement géopolitique complexe. “David a les compétences et l’énergie pour être le président du CIO, mais il faudra que les planètes s’alignent”, résume son collègue Jean-Christophe Rolland. Si cela ne marche pas, Lappartient pourra regarder vers Paris : il paraît que Macron cherche un chef du gouvernement compatible avec la droite, connaissant les territoires, sachant déléguer et se faire respecter de l’opposition. Mais un tel poste l’obligerait à démissionner de l’UCI et du CIO. Ses proches pensent donc qu’il déclinerait. Refuser Matignon car on vise plus haut : et si c’était ça, être un homme puissant ?



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Author : Béatrice Mathieu, Etienne Girard

Publish date : 2024-07-24 15:30:00

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Raphaël Enthoven : “Les Insoumis offrent le visage d’une pure bêtise en action”

Raphaël Enthoven : "Les Insoumis offrent le visage d’une pure bêtise en action"




C’est un procès devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris qui devrait faire du bruit. La France insoumise poursuit Raphaël Enthoven pour “‘injure publique”, lui réclamant la somme de 10 000 euros. En cause : un message sur le réseau X (ex-Twitter) dans lequel le philosophe et écrivain qualifiait LFI de “parti détestable, violent, complotiste et passionnément antisémite”, et ajoutait : “Et ils sont tellement cons qu’il n’est même pas nécessaire de les corrompre pour qu’ils reprennent à la lettre le narratif du Hamas ou de Poutine. On n’en peut plus, de ce club de déficients qui, après avoir tenté de faire entrer des islamistes à l’Assemblée, tentent de faire entrer le Hamas au Parlement européen.”Pour la formation d’extrême gauche lancée par Jean-Luc Mélenchon, ces propos “relèvent de l’attaque opportuniste et gratuite et constituent une atteinte considérable à l’image du parti, visant à le discréditer dans l’opinion publique”, comme on peut le lire dans la citation à comparaître adressée le 22 juillet à Raphaël Enthoven. L’intellectuel sera défendu par Richard Malka, l’avocat historique de Charlie Hebdo. A L’Express, il contextualise mais maintient ces mots qui relèvent selon lui du “constat”, assurant que “La France insoumise, c’est un morceau de Corée du Nord en France”.L’Express : La France insoumise vous poursuit pour un tweet que vous aviez publié le 1er mai, et dans lequel vous qualifiez le mouvement de “détestable, violent, complotiste et passionnément antisémite”. Cette phrase relève selon vous non pas de l’injure, mais du “constat”. Pourquoi ?Raphaël Enthoven : Parce que je ne le dirais pas si c’était faux ! Et, en la circonstance, tout est aisément démontrable. “Détestable et violent” est ce mouvement de voyous dont les députés (nationaux ou européens) tentent d’intimider leurs adversaires, ce mouvement de mal élevés qui refusent de serrer la main d’opposants politiques et qui fonctionnent à l’exclusion, à la purge, à la menace et au torse bombé. “Complotiste” est ce mouvement sectaire dirigé par un fou qui pense que les crimes de Mohammed Merah ont été téléguidés par le gouvernement, ou que la République dispose secrètement d’un agenda “islamophobe”.Et “passionnément antisémite”?“Passionnément antisémite” est le mouvement qui, cinquante-deux ans après les Jeux de Munich, menace ouvertement les athlètes israéliens, multiplie les “dogwhistle” (comme les mains rouges, les “dragons célestes” ou encore le triangle rouge inversé du Hamas), popularise les fake news du Hamas qu’il refuse de qualifier de “terroriste”, présente le peuple juif comme déicide et conservateur, soupçonne le Crif de gouverner la France en cachette, ressuscite et popularise de vieux clichés antisémites (comme l’image du juif empoisonneur de puits), promeut des candidats dieudonnistes ou soraliens, applaudit un rassemblement qui exclut des juifs d’un amphithéâtre, conspue une association de féministes attachées à faire reconnaître le viol d’Israéliennes, raconte que l’armée israélienne entraîne des chiens à violer des prisonniers, traite des juifs de “sionistes” parce qu’ils sont juifs et non parce qu’ils sont sionistes, etc. etc. etc.La particularité d’un tel antisémitisme, c’est que, dans l’immense majorité de ses manifestations, à l’exception des délires de Thomas Portes ou de Rima Hassan, il n’est pas répréhensible. Il existe quantité de manières d’être antisémite à l’abri de la loi. Quand vous allez au concert de Roger Waters sans être dérangé par la présence d’un cochon-tirelire couvert d’étoiles de David, quand vous indexez les opinions de BFMTV sur celles de Patrick Drahi, quand votre premier réflexe est de dire “et Gaza ?” après avoir vu les images du 7 octobre, quand vous dites à un Français juif agressé qu’il a “toute sa place en France” (comme si une telle chose n’allait pas de soi), vous ne faites rien d’illégal, mais vous êtes antisémite, parfois passionnément, et vous diffusez un antisémitisme d’atmosphère qu’il faut combattre sur le terrain de l’opinion, plus que devant les tribunaux.LFI vous reproche aussi de les avoir traités de “cons” et de “club de déficients”. N’est-ce pas là des propos injurieux ?Je ne les ai pas exactement traités de cons. J’ai dit qu’ils étaient “tellement cons” qu’il n’était même “pas nécessaire de les corrompre pour qu’ils reprennent le narratif de Poutine ou du Hamas”. Ce n’est pas la même chose. Tout est parti d’une perplexité : comment peuvent-ils défendre, sans qu’on les y contraigne, l’argumentaire des Russes ou des islamistes ? Le RN est prorusse, mais le RN, c’est le parti de l’étranger. Le RN, ce sont des années d’allégeance au régime de Poutine et à ses banques. On peut comprendre qu’ils n’aiment pas l’Ukraine. C’est une question de survie. Alors que les Insoumis, eux, sont purs. Ils sont sincères. Ils sont désintéressés quand ils affirment que l’Otan menace la Russie ou bien qu’il faut démilitariser l’Ukraine et livrer la Crimée. Ça vient du cœur. Dans ces cas-là, la seule explication qui reste à leur discours, c’est une bêtise profonde. Une bêtise sans limites, abyssale, sublime et fière d’elle-même. Incapables de second degré, inaptes à toute nuance, parfaitement sectaires et dogmatiques, imperméables à toute objection, incapables d’échanges, les Insoumis depuis des années offrent le visage d’une pure bêtise en action.Est-on responsable de sa propre bêtise ? Ça se discute. Mon sentiment est qu’en un sens, les Insoumis sont innocents, car ce sont des innocents. Ce n’est pas de leur faute s’ils sont complètement idiots, s’ils croient qu’avec 182 députés ils ont la majorité absolue, ou s’ils pensent faire avancer leur cause en diffusant délibérément des fake news. Aucun mépris dans le constat de leur insuffisance. Juste de la compréhension.Les socialistes et les Insoumis sont comme Butch Coolidge et Marcellus Wallace dans “Pulp Fiction”Quant à “club de déficients”, depuis quand est-ce une insulte ? Faut-il mépriser les personnes déficientes pour se vexer qu’on vous assimile à elles ! Comme la sottise, la déficience a valeur d’explication, et ne saurait être reprochée à celle qui en souffre. Ce n’est pas de leur faute s’ils prennent tout au premier degré, s’ils ne comprennent pas qu’un pogrom relève du “terrorisme” ou s’ils croient faire œuvre de tolérance en défendant le port de l’abaya. En imputant à la déficience ce que d’autres imputent à la haine (ou à l’électoralisme), d’une certaine manière je les dédouane. En fait, les Insoumis sont si peu malins qu’ils voient une injure dans le diagnostic qui les exonère de leurs responsabilités.Vous avez longtemps plaidé pour la possibilité de débattre et d’échanger sur les réseaux sociaux, en dépit de leurs limites. N’avez-vous pas vous-même cédé aux dérives des invectives numériques ?J’ai renoncé depuis longtemps à la possibilité de convaincre ces gens-là. J’ai passé des années à tenter de construire des échanges courtois et de substituer le débat au combat. Mais face aux Insoumis (comme face aux islamistes ou aux fascistes) c’est absolument peine perdue. Les Insoumis ne vont pas sur les médias sociaux pour discuter ou mettre la vérité en partage, mais pour imposer leurs vues et disqualifier ceux qui ne les partagent pas. Les Insoumis sont passés maîtres dans l’art de diffuser en meute une nouvelle qu’ils savent fausse, mais dont le contenu leur plaît. Par exemple : à l’heure où je vous parle, ils ont tous laissé courir leur post (en date du 18 octobre) sur les “500 morts” dus au bombardement (imaginaire) de l’hôpital al-Ahli Arabi par l’armée israélienne. Ils savent que c’est faux. Ils savent que c’est en fait une roquette tirée par le Djihad islamique, mais ils s’en fichent. Ils ne sont pas là pour dire la vérité, ou reconnaître la vérité. Ils sont là pour diffuser la propagande d’un groupe terroriste. A quoi bon tenter de rétablir la vérité face à une cohorte de gens ravis de diffuser ce qu’ils savent être une fake news ? Restent les sarcasmes, la guerre et les diagnostics sans complaisance.Qu’est-ce que cette procédure dit selon vous du parti de Jean-Luc Mélenchon ?Une telle procédure dit des Insoumis qu’ils ne supportent pas la liberté d’expression en particulier, et la liberté en général. La France insoumise, c’est un morceau de Corée du Nord en France. La France insoumise est un soviet déguisé en secte (ou l’inverse) où les places sont fixes et la liberté de chacun strictement encadrée. Aucun vote ne vient troubler la hiérarchie des apparatchiks ou l’exécution des purges. Or, quand on fonctionne de cette manière, on n’a aucun mal à s’en prendre à la liberté des autres. Comme, à force d’être sots, ils se font battre sur le terrain de l’opinion, ils tentent maintenant d’en passer par la voie légale. Gageons que ça ne marchera pas davantage, et qu’on est toujours libre, dans ce pays, de dire ce qu’on pense.Dans L’Express, vous aviez, dès le lendemain de la constitution du Nouveau Front populaire, dénoncé “une fusion aberrante” entre socialistes et Insoumis. Les évolutions récentes vous confortent-elles dans cette opinion ?Avec le score de Raphaël Glucksmann aux européennes, les socialistes avaient une occasion, une seule, de s’émanciper du joug insoumis, mais ils ne l’ont pas saisie. Non parce que Macron a dissous l’Assemblée et qu’il a fallu s’unir à toute vitesse, mais parce que les socialistes ont peur de leur ombre et n’ont aucun moyen de se faire élire sans alliance avec LFI. Les socialistes ont invoqué le “despotisme” de Macron pour justifier leur ralliement aux Insoumis, alors qu’ils ils se seraient ralliés de toute façon, et à toute époque. Le résultat, c’est une houleuse cohabitation entre deux camps qui se détestent mais qui ont besoin de leurs troupes respectives pour ne pas disparaître. Les socialistes et les Insoumis sont comme Butch Coolidge et Marcellus Wallace dans Pulp Fiction : personne ne se déteste davantage et livrés à eux-mêmes, ils s’entretuent. Mais la situation leur impose d’être solidaires pour se sortir de la cave où ils sont retenus prisonniers. Ou bien comme des porcs-épics en hiver que le froid contraint de se rapprocher mais que leurs piquants éloignent aussitôt. Mon vœu est que le NFP tienne le plus longtemps possible pour qu’on se régale de leurs engueulades.



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Author : Thomas Mahler

Publish date : 2024-07-24 10:00:00

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Emmanuel Macron après la proposition du NFP pour Matignon : “La question, ce n’est pas un nom”

Macron




Il s’agissait de sa première interview depuis les résultats des élections législatives. Mardi 23 juillet, lors d’une interview diffusée sur France 2 et Franceinfo sur un plateau en plein air survolé par les hélicoptères, Emmanuel Macron a commenté la situation politique du pays à l’approche des Jeux olympiques de Paris, qui doivent s’ouvrir ce vendredi 26 juillet.Le président de la République est revenu sur son choix de dissoudre l’Assemblée nationale au soir des élections européennes du 9 juin, remportées par le Rassemblement national. “J’ai fait ce choix en conscience, avec beaucoup de gravité, parce que l’Assemblée nationale ne correspondait plus à la société française”, a-t-il affirmé. “Tout le monde nous disait qu’à l’automne la motion de censure arriverait”, a justifié Emmanuel Macron, avant d’affirmer : “J’ai pris mes responsabilités en demandant aux Françaises et aux Français de choisir.”Interrogé sur les résultats des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, qui n’ont pas permis de dégager une majorité claire, il a reconnu que la majorité sortante avait “perdu cette élection”, mais a jugé que “personne” n’avait “gagné”. Il a appelé les forces politiques à être “à la hauteur de ce qu’elles ont fait dans l’entre-deux-tours”. “La responsabilité de ces partis, c’est de faire quelque chose que toutes les démocraties européennes font, […] savoir faire des compromis”, a-t-il pointé.Emmanuel Macron est revenu sur la polémique qui a suivi le refus de certains députés du Nouveau Front populaire (NFP) de serrer la main du benjamin (Rassemblement national, RN) de la nouvelle Assemblée nationale lors de l’élection du président de l’hémicycle. “Il n’y a pas de sous-député”, a-t-il déclaré. “11 millions de nos compatriotes ont envoyé un message clair, aussi un message d’adhésion. On doit répondre aux causes qui ont suscité ce vote”, a-t-il jugé.Affirmant avoir choisi “la stabilité”, Emmanuel Macron a assumé maintenir le gouvernement Attal “aux affaires courantes” pour la durée des Jeux olympiques, au moins jusqu’à la mi-août, a-t-il précisé. Estimant que la responsabilité des partis politiques était “immense” pour la suite, il a cité la sécurité, l’accès aux services publics et le pouvoir d’achat comme priorités auxquelles devrait selon lui s’atteler le prochain gouvernement.”Le sujet n’est pas un nom”Le président de la République a refusé de se prononcer sur la proposition, émise par le NFP une heure avant son interview, de nommer la haute fonctionnaire Lucie Castets à Matignon. “La question n’est pas un nom, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement puisse dégager des réformes, faire passer un budget et faire avancer le pays”, a estimé Emmanuel Macron.L’alliance des partis de gauche s’est mise d’accord ce mardi 23 juillet pour proposer au président de la République le nom de Lucie Castets, une haute fonctionnaire de 37 ans engagée pour la défense des services publics, pour le poste de Première ministre. Celle-ci a affirmé à l’AFP avoir accepté “en toute humilité mais avec beaucoup de conviction”, estimant être une candidate “crédible et sérieuse” pour Matignon.Les JO, un “défi sécuritaire””Toutes les vérifications de sécurité ont été faites” avant l’ouverture des Jeux olympiques ce vendredi 26 juillet, a tenu a affirmer dès le début de l’interview Emmanuel Macron, qui a reconnu que ces Jeux présentaient “un défi sécuritaire”. Le président a estimé que les “contraintes” liées à l’organisation de Paris 2024 dans la capitale étaient “nécessaires” pour “assurer la sécurité” et a affirmé : “On a besoin de se ‘réenthousiasmer’. On verra tous à partir de vendredi soir pourquoi ça en valait la peine.”Réagissant à la polémique entourant la venue des athlètes israéliens à Paris, le président a jugé que ces derniers étaient “les bienvenus” en France et a jugé “inadmissibles” les propos de Thomas Portes. En soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza, le député La France insoumise a estimé que la délégation israélienne n’était pas la bienvenue aux JO.Emmanuel Macron a défendu l’organisation des JO parisiens, pointant : “Avoir l’audace d’organiser la cérémonie d’ouverture, personne ne l’avait fait.” Interrogé sur le programme de cette soirée, il a refusé de donner davantage d’informations : “On aura des artistes du monde entier et de la France, d’immenses artistes”, a-t-il affirmé, sans vouloir commenter les rumeurs pointant la possible participation d’Aya Nakamura ou de Céline Dion.



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Publish date : 2024-07-23 19:10:01

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