Quand Talia Ryder lève ses yeux pour nous répondre, dans un mélange de candeur et de rêverie, on a l’impression que les regards-caméra de The Sweet East se prolongent. À l’observer irradier le voyage picaresque de Sean Price Williams, il se dégage la nette impression d’assister à la naissance d’une icône, tant elle est filmée comme une figure sacrée. Son regard, mais aussi son corps et sa manière de se mouvoir dans le cadre, l’élèvent comme l’avatar frondeur et éthéré d’une certaine adolescence contemporaine. À bien y regarder, elle traverse le film comme une ballerine : “La danse a été mon introduction à tous les types d’art. J’ai participé au Musical de Matilda à Broadway quand j’avais 13 ans et je me demande encore comment j’ai pu être choisie.”
New York puis Hollywood
Ce début de carrière précoce l’amène à s’installer à New York, ville de la naissance de son amour pour le cinéma : “C’est à ce moment que j’ai découvert tout un tas de films. Je pense que le cinéma est le meilleur moyen aujourd’hui de raconter des histoires. Et c’est, je crois, ce que j’aimais dès le départ : je dansais pour raconter des histoires. Par exemple, Bob Fosse, qu’on connait surtout pour All That Jazz, est un modèle absolu pour moi.”
Deux arts qu’elle aime croiser aussi souvent que possible, notamment dans le clip Déjà vu d’Olivia Rodrigo et puis chez Steven Spielberg, pour qui elle a dansé en tant que membre des Jets dans West Side Story. Elle interprètera également une élève à l’Académie du ballet du Bolchoï avec Diane Kruger pour professeure, dans Joika de James Napier Robertson (le film n’a pas encore de date de sortie en France).
Avant The Sweet East, Talia Ryder décroche le rôle d’une adolescente jetée dans un road movie social pro-avortement avec Never Rarely Sometimes Alway d’Eliza Hittman : “J’avais 16 ans et c’était mon premier film, j’apprenais tout. J’ai tourné The Sweet East à 19 ans, mais j’ai gagné énormément en si peu de temps. Je me sentais de plus en plus audacieuse”. Une assurance dont Sean Price Williams s’est fait un magnifique relai. Première actrice rencontrée pour le rôle de Lilian, elle sera la seule auditionnée : “Sean avait pleinement confiance en moi. Par exemple, les regards caméra, c’est moi qui les décidais sur le tournage. Toute la personnalité de mon personnage m’a été laissée et j’ai adoré en avoir la responsabilité. C’est vrai, qu’un jour, j’aimerais beaucoup être moi-même réalisatrice.”
Une Alice au futur incertain (mais brillant)
Chamboulée à la rencontre de son personnage, Talia Ryder replonge une seconde fois dans le script de The Sweet East : “Je lis beaucoup de scénarios et je me fais assez vite une idée de ce qu’ils dégagent. Là, j’étais confuse, happée, et j’avais surtout un tas de questions.”
Une Alice dans les villes et au pays des merveilles, souvent confrontée aux menaces masculines plus ou moins diffuses, ce qui ne manque pas de nourrir la réflexion de la comédienne sur le patriarcat : “Le cinéma est absolument et totalement un monde d’hommes. J’aime travailler avec les femmes, mais pas que. J’ai la chance d’être à un endroit du cinéma où je peux être entendue et avec des hommes comme Sean, qui défendent les femmes et leur voix.”
Alors, avant de s’interroger sur la suite de sa carrière, qui s’annonce envoûtante, on tente de savoir ce que son personnage, Lilian, pourrait bien devenir après avoir quitté le film telle une valkyrie en fugue : “Avec Sean, on s’imaginait qu’elle peut devenir présidente des États-Unis. Mais, quand elle rentre chez elle, elle s’aperçoit qu’il n’y a plus rien pour elle et je me demandais si elle n’allait pas se tuer. Voilà, le futur de Lilian, c’est ça : entre le suicide et la présidence des États-Unis.” La réponse est peut-être toute simple : une nouvelle star d’Hollywood.
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Author : Arnaud Hallet
Publish date : 2024-03-11 16:55:51
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