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Rencontre avec Miss America, la “rock star” de l’énergie nucléaire

Rencontre avec Miss America, la "rock star" de l’énergie nucléaire




En ce début d’automne, la reine de beauté donne rendez-vous au siège parisien de l’OCDE, en marge d’un sommet international sur l’énergie. Ce jour-là, Grace Stanke ne porte sa couronne ni son écharpe de Miss Amérique 2023. Pourtant, impossible de la manquer : silhouette parfaite, longue chevelure blonde, robe fourreau rouge, l’Américaine de 21 ans éclipse sans peine les fonctionnaires et diplomates habitués des lieux.C’est ici que quelques minutes plus tôt, la lauréate du concours de la plus belle femme des Etats-Unis a pris la parole devant une assemblée de spécialistes de l’énergie et de politiciens du monde entier. “C’était incroyable, commente une invitée, sous le charme. Elle a raconté son parcours et disserté sur l’importance de diversifier les profils dans l’industrie nucléaire. Le tout, avec aisance et professionnalisme”.Une synthèse parfaite entre Barbie et Oppenheimer ? En tout cas, Grace Stanke est la première Miss America à avoir suivi des études d’ingénieur et à militer pour l’énergie de l’atome. “Au départ, je me suis surtout intéressée au nucléaire pour contredire mon père qui ne voyait pas d’avenir dans cette filière, confie l’intéressée, née dans l’Etat du Wisconsin, dans la région des Grands Lacs. Ensuite, mes études scientifiques m’ont montré l’importance de cette énergie qui produit 20 % de l’électricité aux États-Unis et 10 % dans le monde”. Et elle d’ajouter, d’un air soudain très sérieux : “Pourquoi ne capitalise-t-on pas davantage sur cette technologie ? Elle est sûre, fiable et efficace.” On pourrait même ajouter “cool” et “tendance” depuis que Miss Stanke la promeut sur les réseaux sociaux.Dans une vidéo adressée à ses fans, elle s’enthousiasme devant l’omniprésence de la radioactivité que l’on retrouve – à petites doses – dans les bananes, les avions, ou les détecteurs de fumée. Dans une autre séquence, elle revient sur l’histoire de son père, qui a surmonté deux cancers grâce à la médecine nucléaire. A chaque fois, ses explications déclenchent une avalanche de messages positifs.Dissiper les images négativesLa filière nucléaire ne pouvait espérer meilleur porte-drapeau. Car en dépit des milliards de dollars injectés ces dernières années pour développer des petits réacteurs innovants, et le soutien de personnalités comme Bill Gates ou Elon Musk, les Américains restent partagés sur le sujet. Certes, 57 % d’entre eux se disent aujourd’hui favorables à la construction de nouvelles centrales (contre 43 % en 2020), selon une récente enquête du Pew Research Center. Mais la population reste nettement plus favorable aux énergies éolienne et solaire qu’au nucléaire.Cette réticence est assez logique. Sur la période récente, la révolution du gaz de schiste a tout emporté, ruinant la rentabilité des centrales atomique. De plus, les Etats-Unis restent marqués par l’accident de la centrale de Three Mile Island, survenu en 1979. Enfin, les péripéties télévisuelles d’Homer Simpson enchaînant les bourdes dans une centrale nucléaire à la sécurité douteuse, n’arrangent rien à l’affaire dans un pays biberonné à la pop culture. “Je passe beaucoup de temps à tenter de dissiper l’image négative de la filière”, confie Grace Stanke qui mène sa croisade sur les plateaux de télévision, dans les écoles et les congrès internationaux. “Depuis son élection en décembre 2022, la Miss assiste à des conférences, visite des centrales ou encore participe à des événements liés à l’énergie nucléaire, au rythme de trois ou quatre fois par mois, explique Liz Brown, responsable du planning de l’élue. Ces apparitions en rapport à cette thématique représentent la majorité des demandes que nous recevons pour Miss Amérique cette année.”En septembre, Grace Stanke a sillonné l’Europe, prêchant la bonne parole. D’abord à la conférence annuelle de la World Nuclear Association, à Londres ; puis à celle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne et enfin aux “Feuilles de route vers le nouveau nucléaire” à Paris. D’ici à la fin de l’année, son programme chargé la conduira au Japon où elle visitera plusieurs installations, à l’invitation de la Fédération des sociétés d’énergie électrique du pays. Ensuite, elle refera une apparition à Paris, lors du World Nuclear Expo. Puis, elle ira à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP-28) prévue fin novembre, à Dubaï (Émirats arabes unis). “Grace Stanke, c’est la rock star du nucléaire !”, résume Paul Rodi, l’un des responsables de la centrale de Vogtle aux États-Unis, dans les médias américains.Scientifique dans l’âme, violoniste de talent, douée en ski nautique, elle sait tout faire. Ce qui ne l’empêche pas de s’inspirer d’autres femmes à la carrière bien établie. Ses modèles ? Sama Bilbao y León, chef du développement de la technologie nucléaire à l’OCDE. “Une femme incroyable et positive”, dit-elle. Ou encore Susan Eisenhower, une analyste politique reconnue. A écouter Grace Stanke évoquer ainsi la petite-fille d’un ancien président des Etats-Unis, on l’imagine déjà faire carrière en politique.Toutefois, la reine de beauté hésite à prendre parti. “En matière de politique, je suis plutôt neutre. Les médias mettent souvent en scène l’opposition entre Donald Trump et Joe Biden mais, comme la majorité des Américains, je m’éduque en regardant les deux camps”, avance-t-elle prudemment. Son avenir professionnel, en revanche, est tout tracé. Il se fera dans le nucléaire. L’an prochain, Grace Stanke devrait intégrer l’équipe de communication de Constellation Energy, le plus grand producteur d’énergie décarbonée du pays. Et pour rien au monde, la Miss n’échangerait sa place. Question d’études crochus.

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Author : Sébastien Julian

Publish date : 2023-10-07 05:15:00

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Tags : L’Express

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