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“Llamasoft: The Jeff Minter Story”, une plongée dans la tête d’un game-designer légendaire

“Llamasoft: The Jeff Minter Story”, une plongée dans la tête d’un game-designer légendaire



“On ne joue pas seulement à l’un de ses jeux : on est dans sa tête.” Les mots du critique Harold Goldberg résument bien l’impression que procurent les créations de Jeff Minter. Il convient d’ajouter que c’est un endroit étrange où se trouver, lumineux et agité, peuplé de curieuses bestioles (chameaux mutants, lamas géants…), drôle et électrisant, précieux et déstabilisant. Quarante-deux : c’est le nombre de créations du game-designer anglais de 62 ans qui figurent dans l’anthologie que lui consacre Digital Eclipse, et à peu près aussi celui de ses années d’activité.
Si l’on y trouve les jeux les plus marquants conçus avant l’an 2000 par l’auteur de Space Giraffe, Llamasoft: The Jeff Minter Story s’inscrit surtout dans la démarche historique de Digital Eclipse qui mêle aux jeux de nombreux documents : photos, textes (dont les numéros fascinants de bavardage érudit et passionné de la newsletter que Minter écrivait jadis) et séquences vidéo (tournées pour le film Heart of Neon de Paul Docherty encore en production).
Après Atari 50 (sur la société pionnière) et The Making of Karateka (sur le jeu essentiel de Jordan Mechner), The Jeff Minter Story joue la carte, inhabituelle dans le jeu vidéo, de la politique des auteurs. Ou plutôt de l’auteur au (très) singulier, car si ce récit interactif en quatre temps retrace un pan de l’histoire du médium, c’est à travers le regard d’un créateur qui ne l’a jamais abordé comme tout le monde.
Dès ses débuts, où la mode est à l’imitation des jeux d’arcade à succès, ce fan éternel de Tempest et Defender se distingue par sa volonté d’ajouter quelque chose qui, d’Andes Attack à Llamatron 2112 en passant par Attack of the Mutant Camels, Iridis Alpha ou Gridrunner, transforme l’expérience : une grille qui contraint les déplacements de notre vaisseau, des ennemi·es ne surgissant pas d’un côté de l’écran mais de plusieurs, un deuxième personnage ou véhicule à diriger… Sans parler des créatures ou des objets représentés (des slips, des cabines téléphoniques…), qui amènent Harold Goldberg à évoquer le surréalisme de Salvador Dalí (là où Minter cite plus volontiers Monty Python).
Est-ce que la greffe, qui est le grand principe créateur de cet expérimentateur, va prendre ? De toutes celles que Minter a tentées, la plus durable est celle des “synthétiseurs de lumières”, destinés à faire surgir et muter à l’écran des formes et des couleurs en relation avec une musique, sur lesquels il travaille depuis quarante ans et dont on trouve la trace dans Polybius, Tempest 4000, Moose Life ou Akka Arrh.
“Quand j’avais 13 ans, je me rappelle que j’écoutais de la musique allongé dans le noir et que j’imaginais des formes géométriques qui bougeaient en rythme, raconte Minter, éternel hippie chevelu installé aujourd’hui dans une ferme du pays de Galles entre moutons et lamas. J’ai toujours voulu faire un jour une machine qui me permettrait d’exposer ces formes que j’avais dans la tête. […] Et, en fin de compte, la seule manière pour moi de développer ces techniques a été de les mettre dans les jeux vidéo.”

Llamasoft: The Jeff Minter Story (Digital Eclipse), sur Switch, PS4/PS5, Xbox et PC, 28,99 €.

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Source link : https://www.lesinrocks.com/jeux-video/llamasoft-the-jeff-minter-story-une-plongee-dans-la-tete-dun-game-designer-legendaire-616916-09-05-2024/

Author : Erwan Higuinen

Publish date : 2024-05-09 10:00:00

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Tags : Les Inrocks

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